Tous les musulmans jeûnent pour Dieu, pour respecter son commandement. Et cela lui est compté comme piété. Car le jeûne est un acte dont seul Dieu peut percevoir la sincérité. Il n’est pas écrit sur le front du musulman qu’il jeûne, tout comme chacun peut très bien boire ou manger à l’abri du regard des hommes.
Dieu comblera tous les croyants d’une récompense pour ses sacrifices. Nonobstant ce fait, il y a moyen de potentialiser encore plus le Ramadhan, ce que chaque musulman averti ne manque pas de faire. C’est un moment unique d’introspection et de recherche de défaut dans notre personnalité, et donc forcément des faiblesses résultant de nos émotions. Les émotions, comme expliquées, sont générées par les sensations de plaisir et de peine, le corps se nourrit de produits organiques. L’esprit est nourri par des idées, la lecture, la connaissance. Seules ces dernières peuvent renforcer notre esprit et notre capacité de raisonnement. La plus grande avenue ouverte à la tentation est l’ignorance. C’est pourquoi le premier message qui vint au prophète Mohammad (QSSL) fut de lire (Iqra). Toutes sciences émanent de et ramènent à Dieu, nous dit Dieu, dans le Coran. L’esprit, la raison est la clé de notre personnalité. Et même de notre vie spirituelle: Dieu dans le Coran n’impose aucune obligation aux simples d’esprit. Qu’estce à dire? C’est très profond et révélateur cela. Réfléchissons. Cela veut dire qu’en Islam, le premier critère d’exigence de la foi est la Raison. Nul ne peut exiger la foi de celui qui n’a pas la Raison: c’est la condition sine qua non. C’est extraordinaire. C’est vous dire la place que l’Islam donne à la Raison! Que ceux qui clament une antinomie entre Sciences et Islam, y réfléchissent. Le musulman essaiera de bannir toute perturbation émotionnelle. Bien sûr, il n’est de propos, ici, d’en faire une liste exhaustive, mais une analyse synthétique des phénomènes fondamentaux qui alimentent nos émotions. Le jeûneur évitera les discussions vaines et stériles qui ne font qu’exacerber des nerfs à peine ensommeillés. D’ailleurs, après quelques jours de jeûne, il devient naturel d’économiser ses gestes et ses paroles. On se détache progressivement de l’agitation mondaine, gagnant chaque jour, ainsi, en indépendance et en sagesse. Cependant, ne pas manger, et, ne pas lire, ne pas prier, ne pas rester en contact avec Dieu…cela n’est pas jeûner, c’est s’affamer; tout simplement. Ce n’est pas le but du Ramadhan. Il y a une différence qualitative entre s’affamer et jeûner. Se priver d’aliment, c’est s’affamer. Le jeûne existe lorsqu’une personne se prive volontairement de nourriture et de boisson et accompagne ce choix avec une volonté, et une interaction avec son Créateur Miséricordieux, à travers la prière, les pieuses lectures et la méditation. En transformant la faim du jeûne en vecteurs de prière, de réflexion, de soumission, le musulman accroît, nécessairement, sa force spirituelle, de là, sa force de caractère, son pouvoir de raisonnement, sa capacité d’analyse, bref la qualité de sa vie intérieure. Les potentialités du jeûne sont énormes et sous-estimés par la communauté scientifique, c’est une fenêtre sur l’autodiscipline et l’introspection, à la portée de chaque croyant. C’est une école où chaque croyant apprend la faim qu’éprouve le pauvre pour y être plus sensible, une école où se forgent la sagesse du sage, la paix du coeur et la lumière de l’esprit par la recherche de la proximité du Bien Aimé. Le jeûne du Ramadhan met « le sacrifice » en perspective, dans notre quotidien. Ainsi donc, il ne s’agit plus de « sacrifice »: c’est la force de la foi qui enlève à l’acte son caractère sacrificiel et contraignant. Forgeant ainsi, en chaque croyant, consciemment ou inconsciemment, de nouvelles habitudes louables de piété. C’est même un signe de jeûne réussi.
4 août 2011
Religion