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Hospitalité des langues ou pollution féconde

2 août 2011

Contributions


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Edition du Jeudi 07 Janvier 2010

Culture

Hospitalité des langues ou pollution féconde ?

Souffles…


Par : Amine Zaoui

L’histoire nous a appris la leçon suivante : chaque fois qu’une culture se trouve traversée par un ensemble d’éléments provenant d’autres cultures étrangères, elle devient immunisée, vaccinée. Ainsi, chaque fois qu’une langue est “positivement” violée !!! par d’autres langues, elle se reforge et se fait une nouvelle mémoire. Une nouvelle résistance.  Les langues qui ont vécu l’aventure du colonisateur ou l’amertume du colonisé, une fois rescapées de ce naufrage, sont habiles à l’évolution.  Une culture qui a peur d’une autre, vit dans un état de dégénérescence. La peur de mourir, ce sentiment vécu par une langue ou une culture est le signe de la vieillesse et de la sénilité. Une balise de détresse historique. Une ménopause de créativité. Les cultures, comme les langues, celles qui, par leur histoire complexe et par leurs expériences des savoirs, sont hospitalières, possèdent une forte immunité contre la peur de l’autre.  Les Turcs, en remplaçant les caractères arabes de la langue de l’empire ottoman par des caractères latins, disposaient d’un courage intellectuel exceptionnel et d’une expérience unique du colonisateur. Ce fut un bouleversement historique, un séisme ; du jour au lendemain, l’intelligentsia turque passe la gomme sur toute une mémoire ancrée dans des symboles ancestraux. Et parce que leur langue avait besoin de se reverdir ou se rajeunir, tout un peuple se trouva détacher d’un patrimoine symbolisant un empire qui dominait la moitié de la terre.
Les linguistes et les scientifiques arabes d’aujourd’hui sont appelés, en toute urgence et avec courage intellectuel, loin de toute interprétation religieuse morbide, à prendre en charge leur langue qui vit dans une agonie civilisationnelle aiguë et continue. Sans cette assistance impérative, la langue arabe est condamnée à endurer deux sorts, deux mauvais destins : le premier, c’est l’hégémonie totale des langages locaux tels le chami, le khalidji, l’égyptien ou le maghribi. Cette situation culturelo-linguistique provoquera, sans doute, l’effritement et la décomposition de la langue arabe littéraire. Le deuxième destin se caractérise par le retour de la langue arabe à la chrysalide religieuse renfermée.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, dès que la langue arabe, par les efforts d’une nouvelle intelligentsia ouverte et créative, capte un concept ou adopte un nouveau terme parvenant d’une autre sphère culturelle ou linguistique, les “puristes” arabophiles crient au scandale ! Manifestant leur refus en faisant barrage à tout progrès. Une langue traînée vers le passé passéiste est une langue menacée, à tout moment, d’extinction.  La langue amazighe, par ses multiples variations locales maghrébines, a besoin, quant à elle, de se libérer du folklorisme et de l’idéologisation. Une langue ne peut s’imposer que par et dans la belle création, dans et par la profonde réflexion. Elle se défend par la création, l’éducation et le respect. Les langues ne se protègent pas par la polémique politicarde, religieuse ou raciste. Le nationalisme extrémiste assassine et étouffe les langues, celles qu’il prétend défendre. 

2.

 

 

La langue amazighe, par ses multiples variations locales maghrébines, a besoin, quant à elle, de se libérer du folklorisme et de l’idéologisation.

Une langue ne peut s’imposer que par et dans la belle création, dans et par la profonde réflexion. Elle se défend par la création, l’éducation et le respect. Les langues ne se protègent pas par  la polémique politicarde, religieuse ou raciste. Le nationalisme extrémiste assassine et étouffe les langues, celles qu’il prétend défendre.
Il n’y a pas de grandes et de petites langues. Mais, certes, il existe des langues cultivées plus que d’autres. Ces langues se sont enrichies par l’intermédiaire du travail de son intelligentsia organique, qui a su  jeter des ponts vers les autres rives des cultures, en favorisant la traduction comme moyen d’interculturalité. Par la traduction, la Turquie culturelle est l’un des pays les plus résolus pour son ouverture sur les trésors littéraires de l’universalité. Et par cette inter-culturation, les intellectuels turcs, et durant le XXe siècle, ont fait de leur langue turque relookée une langue moderne qui a donné de grands écrivains, à l’image de Nazim Hikmet, Yacher Kemal, Urhan Pamuk, Orhan Kemal ou Nadim Gurcel… Ainsi, la langue turque, par la traduction professionnelle alertée, est considérée comme langue cultivée.
Les langues des minorités ne sont ni petites ni incapables. Le monde de la création d’aujourd’hui, par peur d’une standardisation culturelle globale et stérile, éprouve une attention particulière envers les langues et les cultures menacées d’extinction, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.
Les cultures dites de cultures des minorités, par leurs mémoires anticonformistes et leurs imaginaires visionnaires, disposent  d’une énergie intellectuelle renouvelable capable de réanimer et revivifier les cultures du monde du nord qui, de plus en plus, s’engouffrent dans la standardisation et la paralysie. Une mort programmée.
Au moment où, à Copenhague, les écologistes du monde entier expriment leur peur et leur inquiétude envers l’avenir de la planète bleue, nous en tant qu’intellectuels, nous nous trouvons habités par une autre peur vis-à-vis d’une autre pollution linguistique qui ne cesse de menacer la vie de plusieurs langues. Toute langue, toute culture qui vit dans l’illusion de l’autosuffisance est menacée par une disparition tragique. Il n’y a pas de langue complète. Toutes les langues vivent dans une profanation perpétuelle. Elles sont condamnées à passer leur vie dans les ateliers des écrivains. Toutes les langues ont besoin des toutes les autres langues. Toutes les cultures, qui cherchent à survivre, ont besoin de toutes les autres cultures. Les langues sont des êtres vivants. Elles sont obligées de coexister pour défendre l’idée de : “vivre ensemble.”

 http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=128205&titre=Hospitalit%E9%20des%20langues%20%20ou%20pollution%20f%E9conde%20?%20%281/2%29&

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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