Suspense
La mystérieuse affaire de Styles (63e partie)
Résumé de la 62e partie : Pour Poirot, la personne qui a acheté le poison, s’est déguisée en Inglethorp…
Rappelez-vous que ce jeune Mace n’avait jamais parlé à Mr lnglethorp. Comment pouvait-il donc se douter que l’homme portant ses habits, sa barbe et son lorgnon n’était point Alfred Ingletborp ?
— Vous avez peut-être raison, dis-je, fasciné par l’éloquence de Poirot. Mais, dans ce cas pourquoi ne veut-il pas dire où il se trouvait à six heures, lundi
soir ?
— Ah ! pourquoi ? dit Poirot, retrouvant tout à coup son calme. Sans doute, parlerait-il s’il était arrêté, mais je ne veux pas en venir là, je dois lui faire comprendre la gravité de sa situation. Bien entendu, son silence cache quelque chose de peu avouable. S’il n’a pas assassiné sa femme, il n’en demeure pas moins un être taré, et certainement, en dehors de ce meurtre, il a quelque chose à cacher.
— Qu’est-ce que cela peut être ? dis-je, gagné pour l’instant aux vues de Poirot, tout en retenant une faible conviction que la déduction évidente était cependant la plus probable.
— Ne le devinez-vous pas ? demanda Poirot avec un sourire.
— Non. Et vous ?
— Oh ! oui, j’avais ma petite idée depuis quelque temps, et elle s’est révélée exacte.
— Vous n’en avez jamais soufflé mot, lui dis-je sur un ton de reproche.
Poirot fit un geste d’excuse.
— Pardon, mon ami, vous étiez assez mal disposé.
Puis, se tournant vers moi, il ajouta sérieusement:
— Vous vous rendez compte maintenant qu’il ne faut pas qu’il soit arrêté ?
— Peut-être, dis-je d’un ton de doute, car le sort d’Alfred Inglethorp m’était tout à fait indifférent, et je me disais qu’une bonne alerte lui ferait peut-être du bien.
Poirot, qui me regardait fixement, poussa un soupir.
- Voyons, mon ami, dit-il doucement, comment les dépositions de l’instruction vous ont-elle frappé, à part celle de Mr Inglethorp ?
— Oh ! c’était, à peu de chose près, ce que j’attendais !
— Vous n’avez été frappé par rien de particulier ?
Mes pensées se portèrent sur Mary Cavendish et je biaisai :
— De quelle façon ?
— Eh bien, par la déposition de Mr Laurence Cavendish, par exemple.
Je fus soulagé.
— Oh ! Laurence ! Non, je ne crois pas. Il a toujours été un garçon très nerveux.
— Sa suggestion que sa mère avait pu s’empoisonner accidentellement avec le tonique qu’elle prenait ne vous a pas paru étrange, hein ?
— Non, je ne puis dire cela. Les médecins se sont moqués, bien entendu. Mais, de la part d’un profane, c’était une suggestion toute naturelle.
— Mais Mr Laurence n’est pas un profane. Vous m’ayez dit vous-même qu’il avait commencé par étudier la médecine, et qu’il avait même passé ses examens. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
2 août 2011
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