Histoires vraies
Petting Party (3e partie)
Résumé de la 2e partie : Foutch est sûr que la blessure de Margaret n’est pas mortelle. Va-t-il retourner sur ses pas pour l’achever ?
Il lui semble que les branchages bougent sur le corps de Margaret. En quelques pas, il est près d’elle…Margaret ne se contente pas de crier, elle se débat.
Foutch voit l’amas de terre et de branchages remuer et remuer encore, s’agiter et s’agiter de plus en plus violemment.
Un mélange de terreur et de frénésie s’empare du criminel. Du pied, il repousse les branchages.
Le buste et le visage de Margaret apparaissent pleins de terre et de feuilles mortes. Elle ouvre les yeux et gémit sans le voir.
Foutch sort de sa poche un petit revolver automatique. Au moment où Margaret, qui semble reprendre conscience, se redresse, à deux reprises, il fait feu à bout portant.
La jeune fille retombe en arrière, la tête et l’épaule en sang. Le coucou qui un instant s’est tu, se remet à chanter.
Furieusement, Foutch reprend son travail de fossoyeur. Mais cette fois il va jusqu’au ruisseau chercher des blocs de pierre qu’il vient déposer sur les branchages et sur la terre qui recouvrent le cadavre. Puis il recommence, s’essouffle pousse des «han»pour soulever les pierres, et titube en traversant le ruisseau.
Lorsqu’il a ainsi laissé tomber sur les branchages une dizaine de ces grosses pierres, certain désormais que l’affaire est réglée, le criminel s’assoit pendant un instant sur un rocher pour reprendre son souffle. Lorsqu’il s’éloigne, il n’entend plus dans la clairière que le chant du coucou.
Au petit matin, un fermier chauve nanti d’un gros nez roule vite sur la route mal empierrée qui mène de sa ferme au village voisin où se tient le marché. Il soulève un épais nuage de poussière et derrière lui, la tôle de son vieux truck bringuebalé dans un bruit d’enfer. Au plancher du camion le métal luit à travers le caoutchouc archi-usé des trois pédales. Brusquement, son pied droit se lève, lâchant l’accélérateur.
Il vient d’apercevoir, à quatre pattes sur le bord de la route, une créature de cauchemar. Un être livide, éclaboussé de sang et souillé de boue.
Au plancher du camion, le pied qui vient de lâcher l’accélérateur semble s’approcher un instant du frein, puis revient sur l’accélérateur pour y appuyer de nouveau. Le fermier quasiment épouvanté préfère ne rien voir. Bringuebalant de toutes ses tôles, le truck disparaît au bout de la route.
Puis brusquement au plancher du camion, le pied lâche l’accélérateur, reste un instant suspendu et appuie doucement sur le frein. Tout se passe comme si le pied du conducteur n’avait pas jusqu’alors agi en plein accord avec lui. Le fermier doit faire un effort pour que son pied se décide à appuyer doucement sur le frein.
En frottant son gros nez, le fermier réfléchit. Tout en grattant son crâne chauve, il finit d’analyser l’image qu’il vient d’apercevoir. Cette forme à quatre pattes sur la route, avec de longs cheveux noirs parsemés de feuilles mortes, ce corps souillé de boue, c’était une femme. On aurait dit une morte vivante. Mais une morte vivante encore animée d’une terrible énergie et qui, centimètre par centi-mètre, se traînait sur les coudes et sur les genoux.
Malgré le bruit effrayant de sa vieille guimbarde, il lui a même semblé qu’elle lançait une sorte de plainte.
Alors le fermier, reprenant son sang-froid, passe en marche arrière pour se porter au, secours de la malheureuse. (A suivre…)
Pierre Bellemare
2 août 2011
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