Edition du Lundi 18 Janvier 2010
Editorial
Théorie des dominos
Par : Outoudert Abrous
La ficelle est trop grosse pour qu’on reste crédules face à cette comédie, tant de fois jouée, et jusqu’à l’usure, qui consiste à trouver un lampiste quand les jeux sont faits.
Apparemment, c’est par la presse que les hauts responsables apprennent que leurs plus proches collaborateurs sont inquiétés par la justice pour des affaires de corruption. Entre le croissant et le petit noir du matin. Situation cocasse si ce comportement ne dénotait pas un réel mépris pour le simple citoyen qui voit son argent de contribuable aller dans des poches, jalousement protégées par une garde rapprochée qui n’hésite pas à jurer ses grands dieux qu’elle n’y est pour rien dans ces dépassements mis à jour par des enquêtes.
La ficelle est trop grosse pour qu’on reste crédules face à cette comédie, tant de fois jouée, et jusqu’à l’usure, qui consiste à trouver un lampiste quand les jeux sont faits.
Ce qui réconforte dans ces deux dernières affaires éventées (Sonatrach et autoroute Est-Ouest), c’est leur prise en charge par des enquêteurs spéciaux qui ne relèvent pas des institutions habituelles. Forts de leur statut et de celui du donneur d’ordre, il sera difficile d’influer sur leur travail ou de tenter une quelconque diversion. Voulant certainement frapper fort, les deux secteurs ciblés ont été ceux où l’argent (des montants qui s’évaluent par millions de dinars) coule à flots et où un simple arrangement permet au facilitateur de prendre sa retraite et d’assurer celle de sa progéniture.
Maintenant que l’exemple est donné, avec sûrement la bénédiction du président, il appartient à la justice de prendre le relais sans zèle, mais aussi sans parasitage, pour traiter équitablement ces dossiers et trancher de façon sereine.
Le président de la République, responsable du choix des ministres et de la nomination aux hauts postes de l’État, ne manquera pas de réagir puisqu’il est certainement derrière ce coup de pied dans la fourmilière de la corruption, fléau devenu carte de visite auprès des investisseurs corrupteurs, mais repoussoir auprès de ceux pour qui la traçabilité des mouvements d’argent constitue la première condition pour un véritable partenariat.
Donnant l’exemple en s’attaquant à la première compagnie africaine, en même temps source inépuisable en matière de fiscalité qui prend en charge le budget de fonctionnement de l’État, le président frappe à la tête et il y a fort à parier que beaucoup parmi ceux qui y sont perchés connaîtront la dégringolade. On verra alors se mettre en œuvre la théorie des dominos : du père au fils, d’alliance de raison à la tribu reconstituée… et les châteaux en Espagne restitués.
O. A.
abrousliberte@gmail.com
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1 août 2011
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