Edition du Lundi 18 Janvier 2010
Culture
Hommage à Brahim Izri
IL NOUS A QUITTÉS IL Y A CINQ ANS DÉJÀ
Par : LIMARA B.
Il est né aux portes de l’année, Yennayer 2004, correspondant au 12 janvier 1954, Brahim annonça bel et bien une ouverture sur le monde. Une prolifération et une fertilité égayant toute la famille. Chose faite. Mais il nous a quittés, il y a 5 ans déjà.
Du combat du mouvement national, le feu de la guerre de Libération nationale s’alluma, à celui de l’Algérie indépendante, qui oublia une partie de sa population laissée dans le déni identitaire, passant par les autres causes non moins justes, l’artiste s’est levé en porte parole pour dénoncer les dérives totalitaires. Ainsi, Brahim, tout jeune, s’inscrit dans le combat (1970), au même titre que beaucoup de ces artistes engagés.
Da chouyi (qui suis-je ?), chante-t-il. Si la zaouïa de son grand-père lui ouvrit l’oreille musicale et y fait ainsi son premier tâtonnement en tambourinant sur le bendir, il entreprend bientôt un élan artistique dans la chanson en modernisant le texte “religieux” soufi de la confrérie de Sidi Belkacem. Il varie des instruments et touche à tout pour donner un cachet de jeunesse à un terroir qu’il savait déjà vouer à la déperdition, vu le temps qui s’ouvre à tout ce qui nous venait d’ailleurs, dans toutes les mélodies.
“Pourquoi pas s’inscrire dans l’ère du temps et imposer notre rythme, en faisant un moyen d’expression et de sauvegarde du patrimoine”, aurait-il dit un jour.
Ainsi donc, est né le groupe Igudar, entre autres, avec l’initiative des camarades de lycée.
Un long périple à mener en compagnie d’autres groupes non moins importants, à l’exemple d’Imazighen Imoula, Abranis, Idir… munis d’une touche moderne. Prise de conscience oblige, Brahim épousera toutes les causes justes et criera haut et fort son mécontentement.
Il évoque les blessures d’une Algérie sortant du colonialisme, les femmes qui, après avoir souffert des affres de la guerre, celles qui avaient continué la lutte contre l’armée française, lorsqu’il n’en restait que peu d’hommes dans les maquis, se retrouvent brimées par un code tribal et arbitraire.
“Un jour, lors d’un gala, remarquant que les femmes étaient à côté de la scène pendant que les hommes profitaient de leur privilège face à l’artiste, il se mit scrupuleusement à chanter en chœur avec celles-ci et en tournant le dos aux privilégiés pendant toute la soirée”, témoigne une quinquagénaire.
Enfin, si Brahim Izri s’est éteint un certain 3 janvier 2005, la trajectoire de l’artiste ne s’est jamais flétrie, en touchant à l’universel – il a fait jouer et chanter Maxime Le Forestier avec Tizi Ouzou se lève les dernières années de sa vie.
Attendons impatiemment une œuvre posthume qui sortirait cette année. Alors, à bientôt les amis et les fans, l’artiste est de retour !
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1 août 2011
Contributions