05.“La prison du silence” La nouvelle de Adila Katia

Edition du Mardi 19 Janvier 2010

Des gens et des faits

“La prison du silence”

La nouvelle de Adila Katia

RÉSUMÉ : La jeune fille a de la peine pour sa mère. Elle paraît plus vieille. Ses parents ne se sont jamais entendus. Leur mariage a été arrangé par leurs familles. Ils n’ont jamais été heureux. Elle n’est pas encore couchée lorsqu’on frappe à la porte…

5eme partie

Maya avait tout de suite pensé à sa mère.
Sa famille habitait une villa entourée d’une grande cour dont le portail était fermé à clés dont les seuls à avoir les clefs sont sa mère, son frère et son grand-père.
Maya avait ouvert sans hésitation, s’attendant à voir sa mère mais c’était son oncle paternel. Le demi-frère de son père, Fateh. Il paraissait avoir été tiré du lit.
La jeune fille, trop surprise pour réagir, ne s’efface même pas pour qu’il entre. D’une voix grave pleine de colère, il lui dit :
- Dois-je te prier de me laisser entrer ?
Maya recule d’un pas, reprenant ses esprits. Elle avait tellement souhaité que se soit sa mère que Ia déception de découvrir quelqu’un d’autre l’avait comme figée.
- D’où viens-tu ? lui demande-t-elle, alors qu’il entrait et refermait la porte lui-même.
Fateh la regarde en haussant les sourcils de surprise.
- Ton père ne te l’a pas dit ? lui demande-t-il à son tour sans avoir répondu à sa question.
Encore toute pâle de déception, elle hoche la tête négativement.
- II m’a demandé de vivre ici à partir d’aujourd’hui, lui apprend-il. Parce qu’il faut impérativement une poigne d’homme dans cette famille.
Je me sens très honoré par la demande de mon frère aîné. Je ferais tout pour ne pas faillir à mon devoir et à mes nouvelles responsabilités !
- Est-ce que maman le sait ? s’enquit-elle.
- Non. D’ailleurs, il m’a pris au dépourvu quand il m’a appelé tout à l’heure,  lui confie-t-il. II était très inquiet en te sachant seule !
- Il était en colère ? veut savoir Maya,  l’estomac noué par l’inquiétude. Est-ce qu’il a dit quelque chose ?
- Beaucoup de choses, répond Fateh. Entre autre que ta mère devra m’obéir, sinon…
- II n’a pas parlé de la répudier ? insiste-t-elle en passant une main sur ses joues mouillées par les larmes.
- Non, pour cette fois, il fermera les yeux sur cette grave erreur, la rassure son oncle Fateh. Mais la prochaine fois, elle n’aura pas le temps de souffler qu’elle se retrouvera répudiée !
Maya sent une chape de plomb lui être retirée de la poitrine. Elle avait eu si peur. Elle a un léger sursaut quand son oncle passe un bras sur ses épaules. Celui-ci fait comme s’il n’a rien remarqué.
- Pourquoi pleures-tu ? murmure-t-il. Tu avais peur en étant seule ?
- Non, souffle-t-elle en tentant de se dégager.
J’avais peur pour maman !
- Il n’y aucune honte à avouer sa peur, dit son oncle, ne la croyant pas. Tu es jeune. Rester seule la nuit a dû t’empêcher de dormir.
Maya se retient de lui dire qu’elle préfère passer la nuit seule que sous sa protection. Si son père n’avait pas appelé, elle aurait continué à dormir tranquillement, même seule.
La jeune fille ne sait pas pourquoi mais elle n’a jamais apprécié son oncle, ce demi-frère de son père qui ne venait que rarement chez eux. Quelque chose en lui l’a toujours mise mal à l’aise.

A. K.
(À suivre)

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