Edition du Lundi 18 Janvier 2010
Des gens et des faits
“La prison du silence”
La nouvelle de Adila Katia
RÉSUMÉ : Leïla sait qu’il n’ira pas jusqu’à la répudier. Maya est plus inquiète qu’elle. Elle ne voudrait pas que son père se remarie. Ne parvenant pas à dormir, elle prend un album photos…
4eme partie
Maya a un pincement au cœur en voyant ses parents assis l’un près de l’autre, une image d’union alors que tout les séparait. Depuis sa naissance, ses parents avaient cessé de partager la même chambre. Les années passant, malgré la venue au monde de deux enfants qui auraient dû les rapprocher, le fossé entre eux, n’avait fait que s’élargir. Rien ne pouvait les rattacher.
Son père rêvait silencieusement de l’étranger, sa mère le savait et en avait toujours souffert en silence. Elle ne pouvait rien dire. D’avance, bien avant qu’il ne fasse les démarches, Leïla s’était faite à son départ. Elle savait qu’il lui serait encore plus dur de supporter sa nouvelle vie, en son absence, vu qu’il lui a donné une ligne de conduite à suivre si elle veut rester sa femme, si elle ne veut pas être séparée à tout jamais de ses enfants.
Des enfants devenus adolescents au fil du temps, qui comprenaient beaucoup de choses mais qui exigeaient parfois beaucoup. C’était le cas de Maya. Elle en voulait dans le fond à sa mère de ne pas rentrer, d’éviter un problème qui en posera d’autres plus tard.
Elle essuie ses larmes et ferme sèchement l’album sans rien avoir regardé de plus que la première page.
Elle avait mal au cœur à la vue de son père qui n’avait rien perdu de sa jeunesse, paraissant moins de quarante ans. Sa mère à côté de lui avait le visage creusé de rides, sa jeunesse rongée par l’échec de sa vie. Ses cheveux châtains n’étaient qu’un souvenir en photos, tous blancs avant même ses trente-cinq ans. Pourtant, même ainsi, elle était encore belle. Pas comme avant. Ce qui a toujours surpris leurs proches est que Maya et Hakim n’ont rien hérité de leurs parents. Tous deux bruns et aux traits différents de leurs parents, Hakim avait grandi bien vite, dépassant les garçons de son âge tout en gardant cette fragilité d’adolescent. Maya est de taille moyenne et son corps est déjà épanoui, comme la promesse d’une beauté sans pareille. Déjà, en se rendant au lycée, elle avait maintes fois vu des regards s’allumer et, inquiète, elle en avait fait part à sa mère qui lui avait vite suggéré de porter des vêtements amples qui ne souligneraient pas trop son corps. Cela lui évitera bien des problèmes.
Sans le combat de sa mère, Maya n’aurait pas pu aller à l’école. Les filles mourabate le fréquentant (on était dans les années 1980) se comptent sur les doigts d’une main. Elle en fait partie grâce à sa mère.
II fallait que sa mère rentre pour leur éviter des problèmes à tous. Il n’y a qu’elle qui pouvait les protéger.
La jeune fille en était là dans ses pensées quand lui parviennent des coups à la porte d’entrée qui en est toute secouée. Maya saute de son lit et souhaite que ce soit sa mère. Son cœur manque un battement en constatant que ce n’est pas elle.
A. K.
(À suivre)
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=128854&titre=%E2%80%9CLa%20prison%20du%20silence%E2%80%9D&
1 août 2011
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