Livre. Une enfance singulière de Fadéla M’Rabet
Posted By faycal On 13 avril 2011 @ 17 h 36 min
Deux écrivaines émergèrent de la sphère des intellectuels algériens dans les années 1955. Assia Djebar eut de nombreux prix depuis, et devint académicienne. Fadéla M’Rabet, éloignée de toutes les chaînes de pouvoir, consacra sa vie à la littérature et à l’instauration d’une ère de lumière, sur les obscurs et tragiques événements qui pèsent sur le colonialisme.
L’absence de compromission de Fadéla M’Rabet ne lui valut aucun honneur. Quelles autorités médiatiques et politiques souhaiteraient entendre, quarante-neuf ans après la grande révolution, que “les Algériens n’ont pas été traités comme des êtres humains » ou que l’Etat français a commis un crime contre l’humanité lors des événements de Sétif, ou bien encore que la structure et l’organisation algérienne ont été volontairement détruites, autrement dit, qu’un génocide mémoriel a été mis à exécution par ce même État colonisateur ?
Repensons à ce que disait Kateb Yacine au sujet de L’étranger : ” L’arabe ne parle dans l’œuvre de Camus, comme s’il était de bon ton que la littérature l’ignore.”
Les œuvres de Fadéla M’Rabet sont d’un réalisme implacable. A vingt ans, elle est au cœur des persécutions et des massacres dont ont souffert les Algériens. Pénétrés par des existences et des exigences familières et familiales, nous l’accompagnons dans son histoire, recréant par une magie naturelle, des scènes de l’Algérie coloniale, traçant dans une langue claire, les portraits d’hommes et de femmes, leur restituant une force et une dignité humaine.
Publiée chez Riveneuve, Fadéla M’Rabet continue d’écrire dans une dignité stylistique, comme si prise par une nécessité, l’acte d’inscrire son enfance et son passé constituaient un devoir. Défendre la liberté dans le but de la transmission, voilà, il me semble, la mission dont cette auteure est investie. Mais par delà cette nécessité, l’acte du créateur ordonne une finalité précise, celle de libérer les esprits, un appel qui résonne comme une règle absolue à ne jamais oublier.
Une enfance singulière [3] est l’un des nombreux textes de Fadéla M’Rabet. Publiée chez Maspero en 1964, rééditée aux Éditions Riveneuve. En nous dévoilant son univers familial, dans une maîtrise étonnante du verbe, l’œuvre porte l’inscription des grandes écrits de ce monde.
Les œuvres de Fadéla M’Rabet appartiennent à l’histoire, n’en déplaise aux académiciens. Il y a le combattant de la mer, Joseph Conrad, et le combattant des ténèbres, Faukner. Avec un égal talent, Fadéla M’Rabet combat pour la liberté humaine.
Fadéla Hebbadj
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31 juillet 2011
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