Le Carrefour D’algérie
Dimanche 31 Juillet 2011
Soug ennsa
Par Farida T.
L’amitié vue d’ailleurs
L’amitié entre l’homme et la femme est-elle possible? En réalité, il y a autant de réponses que d’histoires personnelles vécues. Du côté des hommes, c’est simple, définitif et catégorique: non. Et ils expliquent cette «impossibilité»
par le fait de l’attraction naturelle, par des signaux biologiques émis par leur testostérone. Toutefois, il peut exister des exceptions, ajoutent-ils, très rares en effet mais non moins réelles: si la femme est laide, très laide, difforme presque ou lourdement, très lourdement handicapée. A ce moment-là, peut-être. En prédateurs, les hommes ne conçoivent pas encore que tout intérêt particulier porté à une femme peut être vécu autrement que dans une histoire amoureuse ou physique et qu’on peut apprécier une femme sans pour autant lui faire des avances. Du côté des femmes, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? La réponse est aussi complexe que leurs personnalités. A moins que l’homme en question soit homosexuel, disent-elles, et par conséquent, il faudrait reprendre la problématique du débat, elles pensent qu’une relation amicale entre homme et femme ne peut exister que dans l’ambiguïté ou bien dans la frustration d’une des deux parties. En somme, si un homme et une femme finissent par être des « amis », c’est que forcément l’un des deux aura appris à vivre avec une grande déception dans le cœur. Un amour non partagé, et souvent inavoué. Dans ce rôle de l’ami(e), les deux se doivent de respecter le code de l’amitié et se comporter l’un envers l’autre en être asexué, dans un univers asexué. Ainsi, les avis sont mitigés. Quand certains jurent que l’amitié entre homme et femme est possible sous conditions, et qu’ils l’ont rencontrée, d’autres n’y voient qu’une pure illusion. Mais, dans tous les cas, une même réponse est récurrente: « l’obstacle» incontournable à cette relation réside dans les jeux naturels de séduction de l’autre, le désir et la sensualité. La nature prend le dessus. La libido est plus forte que le cerveau. L’instinct est plus vivace que la raison. Et l’amitié, c’est peut-être le pouvoir de dépasser ses instincts, ses faiblesses et sa nature pour sauvegarder ce que nous ne voulons pas perdre chez l’autre. L’amitié entre un homme et une femme c’est peut–être de devoir vivre avec ses rêves et ses fantasmes d’une relation bien souvent trop idéalisée, trop sublimée, car inaccessible et auto interdite et donc profondément désirée. Une amitié sincère mais aussi mythique. Qui peut jurer que son ami(e) n’a jamais eu de pensées ou de désir pour lui (elle) ? Qui peut être certain que son ami(e) ne vit pas avec une blessure enfuie, cachée, mal enterrée et qu’il (elle) ne rêve que du jour (ou de la nuit) où il (elle) l’exorcisera? Pas évident. Dans tous les cas, et avec toutes les passions que ce débat peut déchaîner, les occidentaux, car c’est d’eux qu’il s’agit évidemment, estiment qu’une relation amicale entre un homme et une femme ne peut être qu’enrichissante : par un jeu d’influences réciproques, les hommes cultivant l’amitié avec des femmes manifesteraient davantage de compréhension et de tolérance face aux sentiments d’autrui. Et les femmes habituées à la compagnie des hommes développeraient des comportements plus combatifs. Un constat qui devrait inciter à fréquenter davantage le sexe opposé, à tous les âges de la vie, pour ne pas tomber dans certaines éducations stéréotypées et favoriser une plus grande mixité. Chez nous, la communauté musulmane, le débat n’existe pas. Il n’a pas lieu d’être. Le problème a été réglé à la source: L’amitié ne doit pas avoir l’occasion de naître. Toute relation autre que légitime entre un homme et une femme est prohibée, «haram» et qu’on n’en parle plus.
31 juillet 2011
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