Coutumes & Traditions
Hommes et femmes d’Algérie Sidi Abderrahmane (VI)
Par M. A. Haddadou
On rapporte encore que la notoriété de Sidi Abderrahmane étant parvenue à Sidi M’hammed ben ‘Aouda, le saint oranais bien connu, qui décide de lui rendre visite, chavauchant, comme à son habitude, un lion. Il veut, par cette étrange monture, inspirer de la peur au patron d’Alger et ainsi lui montrer qu’il est plus fort que lui. Sidi Abderrahmane, nullement impressionné par le lion, accueille le saint avec chaleur et lui offre l’hospitalité.
Le lion est placé dans la cour de la maison et, la nuit, Sidi M’hammed ben ‘Aouda demande à son hôte : «La nuit, il doit faire froid, montre-moi donc un endroit bien protégé où je puis conduire mon lion ! – Conduis-le à l’étable, dit Sidi Abderrahmane, il dormira avec ma vache ! – Avec ta vache ! dit le saint, étonné par la réponse. – Oui, dit Abderrahmane, en souriant, tu n’as rien à craindre pour lui !» Le saint n’en croit pas ses oreilles : lui avoir peur pour son lion ! C’est plutôt à ce saint prétentieux d’avoir peur pour sa vache, le lion, assurément, n’en fera qu’une bouchée ! Ben ‘aouda conduit donc son lion à l’étable. Au matin, les deux saints se rendent à l’étable. Miracle : la vache est là, bien vivante, tenant entre ses pattes des morceaux de la fourrure du lion et des poils de sa crinière. Elle l’a dévoré ! «Et dire que tu avais peur pour ma vache», dit Abderrahmane, avec ironie.
31 juillet 2011
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