Suspense
La mystérieuse affaire de Styles (62e partie)
Résumé de la 61e partie : Les preuves contre Inglethorp sont tellement précises qu’elles laissent perplexe Poirot…
Il va hardiment chez le pharmacien du village et achète de la strychnine en alléguant une absurde histoire de chien. Il n’emploie pas le poison le même soir. Non, il attend d’avoir eu avec sa femme une violente querelle, dont toute la maison est au courant, et qui, naturellement, dirige tous les soupçons contre lui. Il ne prépare aucune défense, pas l’ombre d’un alibi, bien qu’il sache que le préparateur en pharmacie sera naturellement appelé à déposer. Bah ! ne me demandez pas de croire qu’un homme pourrait être aussi bête que cela ! Seul, un fou qui désire en finir avec la vie en se faisant pendre agirait de la sorte !
— Pourtant je ne vois pas…
— Ni moi non plus. Je vous l’avoue, mon ami. Cette affaire me déroute, moi, Hercule Poirot !
— Mais si vous le croyez innocent, comment expliquez-vous qu’il ait acheté de la strychnine ?
— Très simplement. Il ne l’a pas achetée.
— Mais Mace l’a reconnut !
— Je vous demande pardon ; il a vu un homme avec une barbe noire comme celle de Mr Inglethorp, et vêtu des vêtements de Mr Inglethorp, et portant des lunettes comme Mr Inglethorp. Il ne pouvait reconnaître un homme qu’il n’avait sans doute vu que de loin, car n’oubliez pas qu’il n’était arrivé à Styles Saint-Mary que depuis une quinzaine, et que Mrs Inglethorp se fournis-sait généralement chez Coots, à Tadminster.
— Alors, vous pensez que ?…
— Mon ami, vous rappelez-vous les deux points sur lesquels j’ai particulièrement insisté ? Laissons le premier pour le moment, mais quel était le deuxième ?
— Le fait important qu’Alfred Inglethorp a des vêtements particuliers, une barbe noire et porte des lunettes, répétai-je.
— Précisément. Or, supposez que quelqu’un veuille se faire passer pour John ou Laurence Cavendish, serait-ce facile ?
— Non, dis-je lentement. Bien entendu, un acteur…
Mais Poirot m’interrompit tout court.
— Et pourquoi cela ne serait-il pas facile ? Je m’en vais vous le dire. Parce que ce sont tous deux des hommes imberbes. Pour se grimer comme l’un des deux en plein jour, il faudrait un acteur de génie et une certaine ressemblance faciale fondamentale. Mais dans le cas d’Alfred Inglethorp, tout cela est changé. Ses vêtements, sa barbe, ses lunettes : voilà quels sont les points saillants de son aspect personnel. Or, quelle est la première préoccupation du criminel ? Ecarter tout soupçon, n’est-ce pas ? Et comment peut-il atteindre son but le plus sûrement ? En jetant le soupçon sur un autre.Dans ce cas particulier, il avait un homme à portée demain. Tout le monde était prédisposé à croire à la culpabilité de Mr lnglethorp. On prévoyait qu’il serait soupçonné, mais il fallait une preuve tangible, telle que l’achat du poison. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
http://www.infosoir.com/edit.php?id=130190
31 juillet 2011
1.Extraits