Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (110e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 109e partie : Frida se remet, puis rechute. C’est sur son lit, le corps prisonnier d’un corset, qu’elle peint ses premières œuvres. Elle renonce à Alejandro, son amour de jeunesse.
Elle émerge de nouveau du cauchemar. Elle quitte son lit, retrouve le monde et ses problèmes.
Le Mexique est déchiré par une nouvelle guerre civile, celle des cristeros, les catholiques en révolte contre le gouvernement. Le Président Calles, un anticlérical invétéré, est entré en conflit avec la puissante Eglise mexicaine, cherchant à la dépouiller de ses privilèges. Les cristeros – appelés ainsi par référence à leur cri de guerre : Viva al Cristo-Rey, vivre le Christ-
Roi ! – ripostent avec violence, et en dépit de la répression, parviennent à étendre leur mouvement. C’est aussi une période de luttes idéologiques, le parti communiste mexicain, affilié à l’internationale socialiste, cherchant à déclencher la révolution bolchevique. Frida fréquente les cercles révolutionnaires à l’université et elle se jette, avec passion, dans le combat pour l’autonomie de l’université et l’instauration d’un gouvernement communiste au Mexique.
C’est une militante des droits de la femme : elle est révoltée non seulement par les conditions de la femme mexicaine, opprimée par une société machiste, mais aussi par la soumission de ces mêmes femmes.
«Les hommes me dégoûtent, mais plus encore les femmes soumises à leur diktat !
— Tu seras obligée, toi aussi, de te soumettre !
— Jamais, jamais, répète-t-elle, à sa mère et à ses sœurs, je ne serai comme ces femmes ! Jamais je ne me laisserai écraser par un homme !»
Elle affirme sa liberté en s’habillant comme elle veut, en exprimant ouvertement ses opinions, en affirmant aussi sa bisexualité, ce qui, à l’époque, était un scandale au Mexique où ce genre de comportement était condamné…
Cette liberté, elle l’exprime aussi dans son art où ne s’affiche aucun académisme.
— Je peins les choses comme je les vois, dit-elle, et non comme les voient les autres (Pintado las cosas tal y como yo las veia).
Elle peint beaucoup, surtout les natures mortes et les portraits, notamment plusieurs autoportraits, souvent accompagnés de ses animaux favoris, des perroquets et des singes, notamment le sien, Caimito, qu’elle aimait beaucoup.
Elle est beaucoup plus proche de son père, Guillermo, que de sa mère, Mathilde, qu’elle aime beaucoup mais avec laquelle elle a des relations ambiguës. Guillermo, qui est photographe et, qui, à ses heures perdues, peint des paysages, l’a initiée à la peinture… Elle fait la connaissance d’un militant cubain, en exil, Antonio Mella, et de son épouse, Tina Modotti, une photographe italienne. Ils lui expliquent la Révolution, la lutte des classes et la prochaine dictature du prolétariat quand les communistes prendront le pouvoir…
— Tu dois t’engager dans la lutte, lui disent-ils
Elle oublie sa maladie, ses souffrances, le corset qui l’enserre et demande :
— Comment ?
— En commençant par adhérer au Parti communiste !
Elle n’y voit pas d’inconvénient mais elle demande à ses amis de lui laisser un peu de temps pour réfléchir. (A suivre…)
http://www.infosoir.com/edit.php?id=130188
31 juillet 2011
1.Extraits, K. Noubi