Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Santé à double vitesse
Au moment où de petites interventions chirurgicales nécessitent une «évacuation» vers l’étranger à coûts forts pour certains, nos hôpitaux se débattent face aux pénuries de médicaments et autres accessoires médicaux,
comme s’il fallait à chaque fois reprendre à zéro la programmation et le fonctionnement des institutions dont dépend la santé publique, celle du «tout-venant», du peuple d’en bas. Celle qui concerne la majorité. Celle à partir de laquelle l’Etat fait des économies prouvées maintenant ou échoue. La reconnaissance officielle vient du communiqué de notre agence nationale de presse qui rapporte que «les insuffisants rénaux souffrent depuis plus d’une dizaine de jours d’une pénurie d’accessoires médicaux et de poches péritonéales pour une dialyse cyclique ambulatoire, a indiqué jeudi le porte-parole de la Fédération des insuffisants rénaux, M. Mohamed Boukhars». Comment peut-on en arriver là alors que les laboratoires pharmaceutiques du monde entiers se bousculent pour s’installer chez nous, à l’ombre de l’aise financière de notre trésor national? Mais la vie d’un seul algérien ne vaut-elle plus tout le trésor? Il semble que non si l’on s’en tient à la façon dont la majorité de nos hôpitaux sont gérés. Bien sûr que la télévision muette qui nous sert de vitrine pour l’activité de nos ministres, passe son temps à nous cracher des images de perfection, sur nos visages ébahis alors que des malades observent des sit-in dans l’enceinte même des hôpitaux. Faut-il importer alors des gestionnaires avant d’importer des produits et du matériel? Peut-être est-ce là la solution que nous refusons de voir en face. On se demandera ainsi pourquoi continuer à former et à dépenser tant d’argent en augmentations salariales, si cela ne sert qu’à reculer au lieu de passer aux choses sérieuses. A la Recherche Scientifique par exemple. Lorsqu’un ancien locataire du ministère de la Santé confondant management et faire le ménage, affirmait avec fierté pouvoir arrêter les évacuations vers l’étranger de nos malades, on se demande bien ce qu’il ferait si un membre de sa famille ou lui-même était dans l’urgence. En bout de course, on se rendra bien compte que le mensonge ne mène qu’à la dérive. C’est ce qui nous arrive.
30 juillet 2011
Contributions