HASSANE BENNAMANE (ÉDITEUR, DÂR EL OUMMA)
Le livre? C’est le projet d’une société
Mercredi 27 Juillet 2011
Je me trouve dans l’embarras de vous répondre par une approche descriptive du paysage livresque dans notre pays. Il y a tant à évoquer: le processus de fabrication d’un livre de par mon métier, l’acte d’écrire de par ma proximité avec cette race humaine d’écrivains, les péripéties que vit le livre dans son parcours jalonné d’embûches entre le créateur et le lecteur; de l’acte de lire et la satisfaction que procure la découverte d’une connaissance nouvelle ou le sentiment qui frôle l’extase
devant un texte qui vous transcende et vous emporte au-delà du monde physique ou une approche plus réfléchie définissant le pourquoi et nuançant le comment, mais qui se conforme avec votre souhait partagé d’éveiller et de mettre en évidence l’importance de la lecture dans notre pays et j’ajouterais même pour notre pays… Je choisis donc la deuxième option.
Selon ma conviction personnelle et ma vision professionnelle et intellectuelle, le livre et la production livresque sont l’expression physique et le symbole de la fertilité et de la densité culturelles d’un pays, le miroir qui reflète le degré de son développement. Ils sont «la carte de visite» d’un pays et d’une culture voyageant à travers le temps et l’espace pour dire «Il est ou il fut»; et c’est à nous et à nous seulement gouvernants et gouvernés que revient le devoir et même l’obligation de conjuguer ce verbe «Être» au temps qu’il faut, au temps qui nous permet d’exhiber notre carte avec fierté pour dire qui nous sommes et de donner la mesure aux générations futures pour suivre nos pas.
Aussi, il y revient aux gouvernants de guider et d’aider par une politique claire, définie dans ses objectifs, murie par la réflexion élargie à tous les acteurs dans le domaine culturel, et intransigeante quant au respect des échéances d’exécution, indépendamment des changements et des humeurs ou même des priorités circonstancielles; c’est là le projet d’une société…
De nos jours et pour la prospérité et le développement de notre pays, si nous parlons de ressources humaines c’est que l’investissement étatique dans ce domaine est primordial. De plus, il est d’un très haut rapport de rendement indirect et même direct. C’est dans cette vision que la culture et le Livre (comme outil) se trouvent propulsés au front pour combattre la stagnation si ce n’est la régression, et offrent l’apport obligatoire pour l’émancipation de l’esprit de l’individu et du groupe dans lequel il vit. D’où l’intérêt qui doit être porté au livre pour et dans notre pays. Il serait utile d’étudier cette perspective sous tous ses angles et d’apporter des solutions à toutes ses étapes, d’autant plus que nous avons toutes les compétences pour répondre à ce défi. C’est notre devoir à nous, mais ces efforts seraient vains si les priorités des gouvernants sont ailleurs et si penser à aujourd’hui prime paradoxalement sur demain…
Je ne pourrais m’étaler plus sur le développement sans me perdre dans des détails lassants et sur un constat amer qui nous interpelle pour crier haut et fort qu’il faut tout faire pour ne pas rater le train de l’Histoire, ou plutôt qu’il faut redoubler d’effort pour le rattraper, car il ne s’est pas arrêté, tandis que nous, si.
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30 juillet 2011
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