88.Si l’Algérie m’était contée (88e partie) Par K. Noubi

Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (88e partie)
Par K. Noubi

Résumé de la 87e partie : Non contente des richesses que le génie a données à son mari, la femme de Mimoun veut plus d’or. Mais le trou qui donne accès au trésor a disparu.

Après avoir longtemps ruminé sa colère, la femme dit à son mari.
— Je sais ce qu’il nous reste à faire. Il faut revoir le djinn !
— Mais je n’ai pas le pouvoir de le faire apparaître !
Mais la femme a une idée.
— Fais comme la première fois : va au marché, emporte avec toi des dattes, le génie ne manquera pas d’apparaître. Dès que tu le verras, tu lui remettras toute ta provision : à chaque datte, il te permettra d’emporter une pièce d’or !
— Et s’il refuse ?
— Il ne refusera pas. N’a-t-il pas dit que la générosité est toujours récompensée ?
— Oui, mais ce n’est pas comme la première fois…
La femme se fâche.
— Fais ce que je te dis et nous serons alors vraiment très riches.
L’homme finit par accepter la proposition de sa femme.
— C’est bien, demain j’irai au marché avec une charge de dattes !
La femme s’écrie.
— Une charge ? Il en faut dix, cent…
— Mais je ne pourrai pas occuper tout le marché !
— Débrouille-toi, tu payeras avec l’or que le djinn te donnera !
Il achète donc plusieurs charges de dattes et, le lendemain, il occupe toute la place du marché. Les autres vendeurs vont se plaindre au cadi. En attendant la visite du cadi, Mimoun a pris place et attend le djinn. Celui-ci ne tarde pas à apparaître. Il paraît hostile.
— Que veux-tu ? N’as-tu pas reçu ta récompense ?
— Si, mais je veux plus d’or !
Il montre toutes les charges de dattes, étalées au soleil.
— Voilà des dattes ! dit Mimoun
— Que veux-tu que j’en fasse ?
— Permets-moi de retourner vers le trésor et de prendre autant de pièces d’or que tu prendras de dattes !
Le djinn s’emporte.
— Voilà que la fièvre de l’or s’est emparée de toi !
— Prends les dattes et donne-moi l’or !
— Tu n’auras rien ! L’or ne t’a été donné que parce que tu t’es montré généreux, mais maintenant que tu te montres cupide, il te sera retiré !
Il lève la main et toutes les dattes étalées au soleil se transforment en roses des sables.
— Retourne à ton état premier, dit le djinn qui disparaît.
A ce moment-là, le cadi arrive avec les gardes. Il condamne Mimoun à une forte amende et l’oblige à retirer de la place du marché les milliers de petites roses des sables. Pour cela, il doit se ruiner. Quant aux palmiers et aux troupeaux qu’il a achetés, ils dépérissent… Seul le palmier qu’il possédait lui reste… Mais comme avant, il ne fournit que des dattes rabougries… (A suivre…)