Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (85e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 84e partie : Mimoun découvre que le vieillard à qui il a donné une poignée de dattes est un djinn qui veut récompenser sa générosité.
Quand il arrive à la maison et que sa femme le voit sans son sac de dattes, elle sourit, car elle pense qu’il a vendu sa marchandise.
— Combien as-tu gagné ?
— Moi ? dit-il, rien !
Elle fronce les sourcils.
— Comment rien ?
Il hoche la tête.
— Tu ne comprends pas ? Rien !
— Tu as bien vendu tes dattes ?
— Non !
— Je ne comprends pas…
Mimoun sourit.
— Je les ai données !
Elle s’emporte.
— Tu les as données ! quoi, si ce que tu dis est vrai, c’est nous qui allons bientôt tendre la main pour nourrir nos enfants ! Tu perds la raison !
Mimoun la calme.
— Laisse-moi t’expliquer…
Elle fulmine.
— Tu n’as rien à m’expliquer, si tu as vraiment donné nos dattes en guise d’aumône !
— Quand tu m’écouteras, tu me remercieras de m’être montré généreux !
Et il lui raconte l’histoire du vieillard. Elle éclate de rire.
— Et tu le crois, ce vieux fou ?
— Il semblait sincère…
— Il t’a eu, oui ! c’est pour te dépouiller de tes dattes qu’il t’a raconté cette histoire !
— C’est après que je lui ai donné les dattes qu’il a parlé de pièces d’or !
— Qu’importe, avant où après, l’essentiel est qu’il t’a eu ! Mais pourquoi as-tu distribué le reste des dattes ? Tu aurais dû penser à tes enfants !
— C’est le vieillard qui m’a recommandé de les donner !
— Et tu l’as cru ?
— Pourquoi pas ? si je récupère autant de pièces d’or que je lui ai donné de dattes, nous serons riches pour le restant de nos jours !
La femme éclate de rire.
— Comme tu es naïf !
Mimoun est embarrassé.
— Je vais aller à la palmeraie.
— C’est ça, va travailler, va peiner, et ensuite donne tes dattes ! Pauvre fou ! Je me serais bien amusée si tu ne nous mettais pas, tes enfants et moi, sur la paille !
Mimoun préfère ne pas répondre. Elle le poursuit de ses sarcasmes :
— Pauvre fou, pauvre fou ! (A suivre…)
26 juillet 2011
1.Extraits, K. Noubi