06.Une bouteille au désert (6e partie)

Histoires vraies
Une bouteille au désert (6e partie)

Résumé de la 4e partie: C’est une ancienne voisine qui appelle la police et donne l’adresse de Larry Singleton à Martinez…

L’inspecteur se tourne vers les policiers qui l’accompagnent :
«Vous deux, interrogez les voisins. Quand est-il sorti ? Quand est-il rentré ? Vous autres, fouillez la maison.»
La villa est coquette et pas trop mal tenue.
«Vous vivez seul ici ?
— Non. Avec ma fille.
— Où est-elle ?
— Chez des amis pour le week-end.»
Dans un appentis, un policier trouve deux haches, le manche de l’une d’elles est humide. Il y a aussi un tapis de voiture fraîchement lavé qui sèche derrière la maison dans le petit jardin. Dans la boîte à ordures : une chemise rose, un blue-jean, des chaussures de tennis et d’autres affaires ayant peut-être appartenu à la jeune victime.
«Comment expliquez-vous ça ? demande brutalement l’inspecteur en brandissant un soutien-gorge.
— C’est à ma fille.
— Menteur. Il était coincé entre les coussins de la banquette arrière de votre voiture.»
Encore ivre, Larry comprend tout de même qu’il lui faut trouver une explication.
«Bon, c’est vrai, dit-il. J’ai pris une gosse en auto-stop près de Richmond en venant ici. Je ne savais plus très bien ce que je faisais parce que j’avais trop bu. Un peu plus tard, j’ai pris deux autres, passagers. C’était deux hommes. Tous les trois nous avons payé pour avoir des rapports avec elle. Tout ça à l’arrière de la voiture. Je vous dis, je ne savais plus ce que je faisais…
— Et alors, ça n’explique pas qu’on lui ait coupé les bras ! Qu’est-ce qui s’est passé après ?
— Je ne sais pas. Je m’étais endormi à cause de l’alcool. Lorsque je me suis réveillé on roulait vers San Francisco. C’est l’un des auto-stoppeurs qui conduisait. Et la petite n’était lus dans la voiture.
— Et pourquoi avez-vous lavé le tapis de votre voiture ?
— Parce que j’ai vomi dessus.
— Et cette hache dont le manche est humide…
— Je ne m’en suis jamais servi contre personne.»
Là-dessus, les autres policiers qui ont interrogé les voisins viennent au rapport suivis d’un groupe de badauds qui se pressent devant la villa :
«Il est parti hier matin, dit l’un.
— Il y a tout juste une heure qu’il est arrivé, dit l’autre.
— Il paraît qu’il est très dangereux quand il a bu…» explique le premier.
Des voix s’élèvent :
«Il a déjà eu des contraventions pour conduite en état d’ivresse.
— Il se dispute toujours avec sa fille ! crie une autre voix. Souvent elle sort en courant de la maison parce qu’elle a peur de lui quand il a bu…
— C’est vrai… D’ailleurs quand il commence à boire, il boit comme une machine : au moins une bouteille par heure…»
Sur la petite route accidentée qui serpente dans le désert, une ambulance vient d’arriver avec, à tout hasard et probablement trop tard, de la glace. Elle est accompagnée de plusieurs voitures de police dont les occupants se préparent à faire une battue. Jim Gooder vient d’être rejoint par sa femme et les deux motards sont accrochés à leurs émetteurs. Tous entendent par la radio la voix d’un policier lointain nasiller dans le désert. Il leur fait le point de la situation. (A suivre…)

Pierre Bellemare