Histoires vraies
Une bouteille au désert (3re partie)
Résumé de la 2e partie : Jim songe à appeler la police mais le médecin veut retrouver les bras de la jeune fille et très vite…
Là, rien… Pas même une goutte de sang. Mais quelques traces de pas, les pas de la jeune fille. Il comprend que le drame s’est produit ailleurs. Mais où ? Il regarde autour de lui et ne voit que le désert : des rochers à droite, une falaise à gauche. Les traces cessent dans la pierraille. Il est impossible de voir d’où elles venaient. Et le comble, c’est qu’il n’y a pas de sang…
Plus tard, un expert donnera l’explication sui-vante : c’est parce que ses artères ont été complètement déchiquetées qu’elle n’a pas perdu tout son sang. L’état de ses artères a entraîné des spasmes qui ont stoppé l’hémorragie.
A tout hasard, Jim Gooder roule le long du grillage qui s’arrête quelques centaines de mètres plus loin. Rien. Il continue. Là, le sol pierreux est tout aussi vierge : des cactus cierges et candélabres, à perte de vue, gris de poussière.
A l’hôpital, la malheureuse jeune fille vient d’être livrée aux chirurgiens. Avant que ceux-ci lui administrent un sédatif, elle a le temps de crier :
«Mes bras ? Où sont mes bras ?»
Le patron qui examine les plaies se tourne vers le jeune toubib qui vient de l’amener :
«Vous avez raison. Si on pouvait retrouver ses bras. Je crois qu’on pourrait essayer de les greffer, il y a une chance.»
Dans le couloir, il y a un téléphone que le jeune médecin décroche pour appeler la police de Pignon Valley.
«Allô… Ici l’hôpital. On vient d’amener une jeune fille qui a été agressée par un type. Il lui a coupé les avant-bras. Oui : les avant-bras. Pourquoi ? Mais je ne sais pas pourquoi. Si on pouvait les retrouver, les chirurgiens essaieraient de les greffer. Qui… de les greffer ! Et alors il faudrait les chercher ! Non, je ne peux pas vous dire où ça s’est passé exactement. Mais vous devez trouver un homme dans une Buick blanche qui est déjà sur place. Le long de l’auto-route. II les a peut-être trouvés. En tout cas, il pourra vous renseigner. Si vous les avez il faut les rapporter très vite. Dans de la glace si possible. C’est une question de minutes… Merci.»
Le jeune médecin raccroche et se tourne vers une infirmière qui lui demande :
«Vous croyez qu’ils ont compris ?
— J’espère…
— Et vous croyez qu’ils les trouveront ?
— Pour les trouver, ils finiront par les retrouver.
Mais quand ?
Sur l’autoroute, deux motards qui roulaient tranquilles accélèrent brutalement. On vient de leur expliquer par radio qu’il faut retrouver deux bras pour les recoller à une jeune fille qui vient d’être agressée. Il paraît qu’un homme dans une Buick blanche les cherche déjà et pourrait les renseigner.
Jim Gooder, seul dans le désert au bord de l’auto-route où passe par moments un énorme poids lourd dans un grondement qui se prolonge indéfiniment, est assis sur la banquette de sa voiture. Par la portière ouverte, il défait ses chaussures pour en faire tomber le sable, tout en marmonnant une série de jurons.
Il ne peut s’empêcher de revoir la silhouette de la malheureuse jeune fille et de ses moignons. Ses bras sont sans doute quelque part, ici ou là. Mais où ? Peut-être sont-ils tout à fait ailleurs. Peut-être a-t-elle été amenée, déjà blessée, en voiture jusqu’ici. Jim est parti trop vite. Il aurait dû essayer de l’interroger. (A suivre…)
Pierre Bellemare
18 juillet 2011
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