Histoires vraies
La loi du sang (6e partie)
Résumé de la 5e partie : Mgr Benfield rêve d’un christianisme adapté aux traditions et superstitions des Noirs de la région…
Mais des projets de cette ampleur ne se réalisent pas sans argent. La caisse de l’Église spiritualiste est vide. Les fidèles auxquels elle pourrait faire appel sont, dans leur immense majorité, des gens très pauvres.
C’est alors que Mgr Eric Benfield — qui a entendu comme tout le monde parler du trésor du Hollandais — se prend à rêver. Au début, ce n’est qu’une vision agréable. Une sorte de phantasme. Puis la vision persiste. Elle l’agace. Il la chasse. Elle s’impose.
Dans ces conditions, inutile de lutter. A titre de passe-temps, Mgr Benfield étudie les documents qui tombent à sa portée, fouille les vieux bouquins, interroge les spécialistes au hasard des rencontres. Bien entendu, aucun résultat ne couronne ses efforts. L’énigme du trésor demeure insondable.
C’est à ce moment, en janvier 1950, qu’il rencontre un homme étrange : un affreux petit sorcier indien vieux comme la forêt.
«Je pense… déclare le sorcier d’une voix rauque et sifflante comme un soufflet de forge… Je pense que j’ai les moyens de résoudre cette énigme.
— Quels moyens ?
— Oh ! ce serait difficile et très long. Et, bien sûr, ce n’est pas certain mais ce serait possible…
— Mais comment ?»
L’affreux petit sorcier n’explique rien, tout d’abord. Il ne s’exprime qu’en termes vagues, ne laissant nullement prévoir ce qu’il envisage. Mgr Benfield va-t-il être envoûté ? C’est bien possible : chaque fois que l’évêque de l’Église spiritualiste rend visite à l’affreux petit sorcier, il est comme fasciné par ce tronc d’arbre desséché dans lequel s’ouvre une fente humide où bouge une langue rouge. Par ce rocher qui parle et le regarde par deux trous tout petits et tout ronds au fond desquels larmoient deux éclats d’onyx bien noirs.
De plus en plus souvent, le gros évêque s’en va soufflant et transpirant asseoir son monumental postérieur dans la case minuscule de l’affreux petit sorcier. Or, plus Mgr Benfield cède à l’envoûtement et plus l’intention de l’affreux petit sorcier se précise :
«Si vous voulez vraiment retrouver le trésor du Hollandais, explique-t-il, il faut la complicité des dieux. Pour cela, il faut revenir aux rites anciens, notamment invoquer la déesse solaire qui régnait sur nos pays alors qu’ils n’étaient peuplés que par les hommes rouges.» (A suivre…)
Pierre Bellemare
21 avril 2012 à 19 07 55 04554
Merci de profiter de cette occasion pour parler de cela, je crois fermement à ce sujet et je ne peux que bénéficier de l’apprentissage à ce sujet.