Dans la plupart des pays du monde, notamment les moins développés, le secteur informel apporte une contribution appréciable à l’économie, surtout en termes d’emploi.
Force est toutefois de constater qu’il se caractérise par une faible productivité et de bas salaires, des conditions de travail médiocres et de longues journées de travail, d’où la nécessité d’en accroître la productivité et les revenus pour tenter de venir à bout du problème de la pauvreté.
Une stratégie double pourrait être adoptée. Pour les personnes engagées dans des activités marginales ou de simple survie, il faudrait prévoir une aide qui permette d’élever leurs revenus, d’améliorer leurs conditions de travail et de les sortir de la pauvreté. Les interventions de politique envisageables à cet effet comprennent la fourniture de crédits, l’offre de possibilités d’enseignement et de formation professionnelle, l’amélioration de l’accès aux infrastructures physiques, l’extension de la protection sociale, le soutien à la création de groupes d’entraide ainsi que d’associations d’entreprises et de travailleurs, et le renforcement des liens avec le secteur formel. Quant à la composante du secteur informel qui est moderne et dynamique et dispose du potentiel voulu pour se développer et assurer sa viabilité économique, il s’agirait de l’aider à accéder au secteur formel. Les moyens à mettre en œuvre pour ce faire comportent notamment la suppression des obstacles excessifs à l’entrée dans ce secteur liés aux frais d’immatriculation, à la réglementation et aux prescriptions administratives.
Les pays voudront sans doute partager leurs expériences de la réduction de la pauvreté dans le contexte du secteur informel et aider à formuler des recommandations visant à accroître la productivité et les revenus, et à améliorer les conditions de travail dans ce secteur.
La majorité des femmes qui intègrent le secteur informel le font parce qu’elles ne trouvent pas d’emploi dans le secteur formel. Souvent aussi, elles n’ont pas la formation et les compétences requises pour occuper un emploi dans ce secteur. De nombreux autres facteurs amènent les femmes à s’orienter vers le secteur informel ou d’autres activités marginales, parmi lesquels on citera les facteurs culturels qui, dans certains pays, restreignent la mobilité des femmes, les responsabilités familiales des femmes, qui leur font préférer le travail à domicile, et le manque de structures de jour accueillant les enfants à un prix abordable. Les femmes sont très souvent cantonnées dans une gamme restreinte de secteurs d’activité, tels que la petite industrie alimentaire, l’habillement et les services domestiques.
QUESTIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE
Les niveaux de revenu dans le secteur informel sont généralement faibles et l’incidence de la pauvreté y est élevée mais, sans ce secteur, bien des personnes se retrouveraient dans le dénuement le plus complet. Les pauvres ne peuvent se permettre de rester inactifs car il leur faut gagner de quoi vivre. Beaucoup se retrouvent dans le secteur informel faute de possibilités d’emploi dans le secteur formel. Le secteur informel joue un rôle très important, en tant que pourvoyeur d’emplois et de revenus, dans la réduction de l’ampleur et de l’intensité de la pauvreté. En plus d’assurer des emplois à plein temps, le secteur informel offre des possibilités de travail à temps partiel à bon nombre de personnes, en particulier des femmes, qui peuvent exercer une activité en restant chez elles et améliorer ainsi le revenu familial.
Dès lors, il est possible de réduire la pauvreté en augmentant la productivité et les revenus dans le secteur informel. Il est par ailleurs indispensable d’améliorer les conditions de travail dans ce secteur, de même qu’il conviendrait de prévoir des politiques et des mesures incitatives visant à aider les entreprises du secteur informel à intégrer le secteur formel. Certaines des principales questions et options de politique générale sont exposées ci-après.
Politiques économiques
On sait que les politiques macroéconomiques générales influent sur le secteur informel, mais il est extrêmement difficile de mesurer leur incidence exacte étant donné la complexité de ce secteur et le manque de données. Lorsqu’il y a complémentarité entre les secteurs formel et informel, les interventions visant l’un des secteurs devraient également profiter à l’autre. Tel n’est pas le cas lorsque les deux secteurs se font concurrence. Une politique destinée à promouvoir l’un des secteurs placerait l’autre dans une position moins avantageuse. Par conséquent, avant d’apporter le moindre changement à la politique macroéconomique, il s’agirait d’en évaluer l’impact sur les deux secteurs.
Pour être efficace, une démarche à ce niveau devrait tendre à équilibrer les incitations offertes respectivement aux entreprises du secteur formel et à celles du secteur informel. En règle générale, les politiques macroéconomiques qui sont orientées vers la croissance en faveur des pauvres et tiennent compte des considérations de sexe sont bénéfiques aux membres du secteur informel.
D’aucuns ont fait valoir que les politiques de libéralisation du commerce mises en œuvre sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce avaient contribué à l’extension du secteur informel. La libéralisation est synonyme de concurrence accrue pour les entreprises du secteur formel. Pour rester compétitives, celles-ci s’efforcent de réduire les coûts en restreignant les prestations aux salariés, en remplaçant des travailleurs permanents par de la main-d’œuvre à temps partiel ou en sous-traitant certains travaux au secteur informel, et notamment à des personnes travaillant à domicile.
Certaines entreprises peuvent même être contraintes de procéder à des licenciements, ce qui amène de nouveaux candidats à l’embauche dans le secteur informel.
Sur un plan positif, il faut noter que la mondialisation et la libéralisation du commerce ont créé de nouvelles perspectives d’emploi dans le secteur des exportations des pays en développement.
La création d’emploi n’est pas nécessairement limitée au secteur formel; il arrive que l’emploi informel se développe lui aussi. Certaines données semblent montrer qu’il existe un lien entre la progression de l’emploi informel et la politique commerciale. Si tel est le cas, il est urgent de mettre en place des politiques et des lois novatrices en vue de protéger les travailleurs du secteur informel et de réduire leur vulnérabilité.
Accès au crédit
Le manque de capital est l’un des principaux obstacles auxquels se heurtent les membres du secteur informel. Ceux-ci doivent dès lors opérer avec des outils manuels et du matériel dépassé, ce qui empêche leur productivité de progresser. Faute de fonds de roulement, ils ne peuvent acheter des matières premières en vrac à des prix plus bas ni aller vendre leurs produits sur les marchés, où ils pourraient en obtenir de meilleurs prix. Il est possible d’accroître la productivité des travailleurs du secteur informel en faisant en sorte qu’ils améliorent leur efficacité et en leur fournissant des biens d’équipement et des fonds de roulement.
Les membres du secteur informel ayant le plus souvent des revenus modestes, ils ne sont pas en mesure d’en réinvestir une part importante. S’ils ont besoin de capitaux pour investir, les entrepreneurs du secteur informel empruntent généralement de l’argent aux membres de leur famille, à leurs amis ou à des prêteurs informels. Or, ces derniers pratiquent généralement des taux journaliers, hebdomadaires ou mensuels qui, s’ils étaient convertis sur une base annuelle, seraient exorbitants. Les entrepreneurs du secteur informel seraient beaucoup mieux lotis s’ils pouvaient contracter des emprunts auprès d’établissements financiers officiels aux taux du marché. Pourtant, les banques commerciales ne constituent pas des sources importantes de financement pour le secteur informel, parce que, d’une part, ce dernier est mal informé des possibilités d’obtention de crédits auprès des sources officielles, et, d’autre part, les banques imposent des conditions très strictes en matière de garanties de même que des procédures longues et fastidieuses avant d’octroyer des crédits.
Les mesures d’encouragement peuvent offrir des incitations fiscales aux banques commerciales pour la couverture des frais de transaction supplémentaires. Certains pays, accordent des prêts bonifiés aux micro entreprises. Toutefois, la procédure est le plus souvent longue et complexe. Par ailleurs, il arrive que des personnes influentes, de connivence avec des fonctionnaires corrompus, fassent obstacle à l’octroi de tels prêts. Le secteur informel n’a pas tant besoin de crédits à des taux d’intérêt bonifiés que d’une amélioration de l’accès au crédit et à d’autres services financiers. L’un des principaux obstacles à l’emprunt auprès d’établissements financiers officiels tient à la nécessité de fournir des garanties, lesquelles font généralement défaut aux demandeurs du secteur informel.
Enseignement et formation professionnelle
L’enseignement et la formation professionnelle jouent un rôle important dans l’accroissement de la productivité des travailleurs du secteur informel, qui manquent généralement d’instruction et de compétences. Beaucoup viennent des zones rurales. Par ailleurs, il arrive que les enfants des familles pauvres des zones urbaines puissent difficilement fréquenter l’école pour des raisons économiques et se retrouvent très jeunes dans le secteur informel.
Les travailleurs du secteur informel acquièrent généralement des compétences sur le tas ou dans le cadre d’un système d’apprentissage traditionnel. Ces deux méthodes présentent un double avantage: a) elles sont souples et adaptables aux perspectives d’emploi existant dans le secteur informel; et b) elles tiennent compte du fait que les intéressés ont un bagage éducatif limité. Le problème qu’elles posent est qu’elles favorisent la transmission de compétences dépassées de génération en génération.
La valorisation du capital humain est indispensable pour accroître la productivité et le dynamisme du secteur informel. Elle suppose la généralisation de l’éducation de base, et notamment de l’enseignement primaire. Ce bagage aiderait les travailleurs à acquérir une formation professionnelle et augmenterait leur flexibilité et leur mobilité étant donné qu’ils pourraient être formés recyclés plus facilement. Il s’agirait de mettre en place des programmes d’alphabétisation des adultes là où vivent les travailleurs du secteur informel. En plus de consacrer davantage de ressources publiques à l’éducation, les pouvoirs publics devraient encourager et assurer des formations qualifiantes.
La formation professionnelle devrait être adaptée aux besoins du marché du travail. Ainsi, des cours de brève durée permettant l’acquisition de compétences pratiques et recherchées constituent une formule toute indiquée pour les travailleurs du secteur informel. Il serait opportun d’associer tout le monde- secteur Etatique et Privé- à l’élaboration des programmes de tels cours de façon à garantir la pertinence de l’enseignement dispensé et son adéquation aux besoins du marché. On peut créer des établissements de formation professionnelle expressément destinés aux travailleurs du secteur informel, en même temps qu’utiliser les locaux d’établissements existants après les heures des cours normaux. Il importe de prévoir des mises à niveau régulières pour les formateurs afin d’éviter autant que possible la transmission de compétences dépassées (ce qui est le cas actuellement).
L’amélioration des compétences peut faciliter l’utilisation des technologies modernes, lesquelles permettent des gains de productivité.
Toutefois, l’adoption de telles technologies suppose l’achat de nouveaux outils et équipements, ce qui nécessite des ressources financières dont les travailleurs du secteur informel sont souvent dépourvus. En conséquence, on peut préconiser une formule associant la fourniture d’une formation et l’octroi d’un crédit, l’établissement prêteur organisant une formation pratique à l’intention des travailleurs du secteur informel. La banque ne fournissait du crédit qu’à condition de la nécessité de dispenser une formation aux emprunteurs pour leur permettre d’utiliser les fonds avec profit et organise des travaux d’ateliers spécialisés à l’intention des emprunteurs afin de leur transmettre les connaissances et compétences dont ils ont besoin pour les activités qui leur fourniront des revenus.
Infrastructures physiques
Le manque d’accès général aux infrastructures physiques et aux autres services représente un frein à la productivité du secteur formel comme du secteur informel. L’amélioration de l’accès aux infrastructures physiques peut aboutir à des gains de productivité et à une réduction des coûts d’exploitation du secteur informel. La fourniture de tels équipements revêt une importance cruciale pour l’intégration du secteur informel dans le reste de l’économie.
Beaucoup de membres du secteur informel utilisent leur habitation comme lieu de travail.
D’autres exercent leurs activités dans des endroits publics, notamment dans les rues ou sur les trottoirs, ou dans des magasins ou ateliers non agréés. Pour accroître leur productivité, les entrepreneurs du secteur informel ont besoin d’électricité, tant pour éclairer leurs locaux que pour actionner leurs outils. Il leur faut aussi un approvisionnement en eau, des installations sanitaires et de l’espace pour l’entreposage de leurs produits. Certains programmes publics imposent le déplacement à grande échelle d’entreprises du secteur informel vers des endroits que les responsables et les planificateurs jugent appropriés, mais de telles opérations sont rarement couronnées de succès. Il est préférable d’aménager les infrastructures voulues là où le secteur informel est installé.
Protection sociale
Les membres du secteur informel ne sont guère protégés socialement contre la maladie.
Les quotes-parts respectives des diverses parties diffèrent selon les secteurs d’activité et les pays. Il est extrêmement difficile de mettre en place des régimes d’assurance sociale pour le secteur informel, qui est composé pour l’essentiel de travailleurs indépendants. Les producteurs et les travailleurs du secteur informel ont généralement de faibles revenus, d’où la difficulté pour eux de verser des contributions financières. Enfin, outre que les régimes d’assurance sociale coûtent cher, leur administration est tout sauf aisée.
Malgré la gravité des difficultés, certains pays en développement sont parvenus à étendre quelques composantes de la protection sociale à des catégories précises de travailleurs informels. Quelque pays se sont dotées d’une loi sur le travail domestique qui fixe le salaire minimum des employés de maison et exige des employeurs qu’ils assurent à leurs salariés des conditions de travail correctes. Ces pays ont également mis en place à l’intention des travailleurs à domicile un système de sécurité sociale fondé sur des contributions financières volontaires.
Le secteur informel étant extrêmement complexe, il faut analyser soigneusement les solutions possibles pour les différentes catégories de travailleurs dans chaque industrie ou secteur d’activité particulier. Lorsque les membres du secteur informel sont organisés, les compagnies d’assurance et les pouvoirs publics peuvent négocier avec eux une formule de partage des coûts pour les régimes de sécurité sociale. Il importe que les gouvernements subventionnent ces régimes et que les affiliés pauvres du secteur informel n’aient pas à supporter eux-mêmes la plus grosse part de la responsabilité de la couverture des risques. Les gouvernements peuvent apporter des contributions majeures par l’intermédiaire de leurs programmes de lutte contre la pauvreté. Les systèmes informels d’entraide reposant sur la famille ou la communauté restent la principale source de protection sociale dans beaucoup de pays en développement. Cependant, ces systèmes ont tendance à s’éroder et il y a lieu de les renforcer.
En ce qui concerne les conditions de travail, on notera que les membres du secteur informel qui sont salariés sont habituellement victimes d’exploitation sous diverses formes (longues journées de travail, absence de repos hebdomadaire, absence de sécurité de l’emploi ou, de manière générale, bas salaires). Afin de réduire autant que possible cette exploitation, il est indispensable de mettre en place d’urgence un arsenal législatif et réglementaire destiné à protéger les travailleurs du secteur informel. Toutefois, il importe en même temps de se rappeler que ce secteur est un gros pourvoyeur d’emplois. Un cadre normatif excessif peut condamner sa croissance et éroder son potentiel de création d’emploi, d’où la nécessité de trouver un juste équilibre entre le souci de la protection et du bien-être des travailleurs et le maintien des possibilités d’emploi qu’offre le secteur.
Tracasseries administratives
Divers types de règlements sont appliqués par différents organismes qui s’occupent des questions de création et d’exploitation des entreprises. Dans de nombreux cas, les fonctionnaires tirent prétexte de ces règlements pour harceler les propriétaires d’entreprise. L’une des raisons majeures de ce phénomène tient à une méconnaissance des lois et règlements dans le secteur informel. Il faudrait rendre publiques les informations concernant la réglementation et la législation et faire en sorte que les entreprises du secteur informel puissent y accéder facilement. Il est par ailleurs indispensable de sensibiliser les fonctionnaires de contrôle à l’importance de ce dernier pour ce qui est de créer des emplois et de répondre aux besoins d’une vaste clientèle.
Connaissance et adéquation des programmes
Les gouvernements de nombreux pays ont mis en place des programmes en faveur des membres du secteur informel. Toutefois, ces programmes ont souvent une portée limitée et on ne connaît pas suffisamment leur existence et leur utilité, d’où l’importance de les faire connaître plus largement par l’intermédiaire des médias. Dans le même temps, on pourrait donner des informations aux membres du secteur informel concernant l’accès aux marchés des divers sous secteurs et aux perspectives qu’ils offrent. Il conviendrait par ailleurs de consacrer des efforts particuliers aux personnes engagées dans des activités marginales ou de subsistance afin d’atteindre aussi les plus pauvres d’entre les pauvres. Les exécutants des programmes devraient être spécialement formés à se montrer courtois et respectueux envers les bénéficiaires, qui ont généralement peu d’instruction. Un autre problème qui se pose est celui du manque de coordination entre les divers programmes. Il s’agirait donc de renforcer la coordination entre les différents intervenants de façon à créer des synergies entre les divers programmes et à en accroître ainsi l’impact global.
Le secteur informel engendre des coûts divers. Différentes démarches doivent être proposées pour s’attaquer aux problèmes et aux obstacles inhérents au secteur informel. Elles devraient aider à accroître la productivité et, partant, à promouvoir la croissance des entreprises du secteur informel, ce qui devrait permettre à celles-ci d’intégrer le secteur formel. Pour les pouvoirs publics, l’existence d’un vaste secteur informel signifie des recettes moindres. Il est donc de leur intérêt d’aider ce secteur à intégrer le secteur formel de manière à créer un surcroît de recettes, qui pourra être utilisé pour améliorer les infrastructures physiques et les services sociaux au profit du secteur formel comme du secteur informel, et réduire ainsi rapidement la pauvreté.
L’entrée dans le secteur formel implique pour une entreprise différents frais, une réglementation excessive peut dissuader les entreprises du secteur informel de se développer et d’intégrer le secteur formel. Il est possible de réduire les frais d’entrée dans le secteur formel en allégeant la procédure et en améliorant l’efficacité et l’efficience des services qui interviennent dans le processus de régularisation. En plus d’offrir des incitations aux entreprises informelles pour qu’elles intègrent le secteur formel et de réduire les obstacles à leur croissance, les décideurs devraient tenter de trouver des moyens peu coûteux qui permettraient de faire appliquer la réglementation une fois les entreprises informelles converties en entités formelles. Les règlements auraient plus de chance d’être respectés s’ils étaient simples, clair et peu nombreux.
CONCLUSION
-Quelle que soit la manière dont on le définit, le secteur informel est extrêmement vaste et contribue de façon substantielle à l’emploi dans les pays en voie de développement. Ce secteur n’est pas homogène et les principaux sous-secteurs de l’économie comportent tous une composante informelle. S’agissant de ses liens avec la pauvreté, deux théories s’opposent. Les tenants de la première considèrent le secteur informel comme un ensemble d’activités marginales ou de subsistance dans le cadre desquelles la productivité et les revenus restent faibles. Les travailleurs du secteur informel ne bénéficient pas d’une protection sociale et leurs conditions de travail sont très médiocres. Par conséquent, ce secteur perpétue la pauvreté. Pour les défenseurs de la seconde théorie, les travailleurs du secteur informel ne sont pas tous pauvres. Certes, l’immense majorité des membres du secteur informel ont des revenus modestes et vivent en dessous du seuil de pauvreté, ou n’en sont pas très éloignés. Toutefois, faute de possibilités d’emploi dans le secteur formel, les gens sont contraints de travailler dans le secteur informel pour gagner leur vie. Sans lui, l’intensité de la pauvreté, sinon son ampleur, serait beaucoup plus marquée. Dès lors, il est indispensable d’accroître la productivité et les revenus de ce secteur. C’est cette seconde théorie qui est proche de la logique. Les moyens proposés sont notamment les suivants:
- Fournir des crédits
- Offrir des possibilités d’enseignement et de formation professionnelle
- Améliorer l’accès (étudié) aux infrastructures physiques
- Étendre la protection sociale
- Encourager et faciliter la formation des chargés du suivi du secteur informel
- Renforcer les liens avec le secteur formel
- Mettre en place des mesures d’aide spéciales notamment les femmes
- Mieux faire connaître les programmes existants incitant à l’auto emploi.
De manière générale, une approche logique s’impose pour traiter les problèmes pluridimensionnels du secteur informel. Il conviendrait donc d’instituer localement un groupe de travail, composé de différents secteurs, chargé de suivre le développement du secteur informel.
Une stratégie double peut être adoptée pour aider les membres du secteur informel. Pour ceux d’entre eux qui sont engagés dans des activités marginales ou de simple survie, on pourrait prévoir une aide qui permet d’élever leurs revenus, d’améliorer leurs conditions de travail et de les sortir de la pauvreté. Quant à l’autre composante du secteur informel, qui est moderne et dynamique et dispose du potentiel voulu pour se développer et assurer sa viabilité économique, il s’agirait de l’aider à accéder au secteur formel. Les entreprises viables risquent d’avoir besoin de crédits plus substantiels pour pouvoir opérer des investissements rentables, et il convient que les partenaires du micro crédit et de la micro entreprise en tiennent compte si le but est d’aider les entreprises informelles à accéder au secteur formel. Le renforcement des liens avec le secteur formel est susceptible de hâter la croissance de ces entreprises et leur passage au secteur formel. Il y aurait lieu de réduire au minimum les frais d’entrée dans ce secteur en simplifiant les procédures et en facilitant la mise en conformité avec les divers règlements.
Sans doute n’est-il pas possible d’intégrer tous les producteurs et travailleurs du secteur informel dans l’économie formelle. Par conséquent, l’objectif final devrait être de réduire graduellement l’importance relative et la taille du secteur informel de manière que le secteur formel se développe et que les revenus, le niveau de vie et les conditions de travail de la population en général s’améliorent.
12 juillet 2011
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