Edition du Mardi 12 Juillet 2011
Des gens et des faits
Rien que des chimères
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Sorreya attend qu’il soit sorti pour aller voir sa femme. Elle découvre une femme douce et qui adore son mari. Louiza savait qu’il fréquentait une femme. À un moment, elle avait senti qu’il était près à les quitter. Sorreya n’a pas la force de lui dire la vérité…
Sorreya s’était levée avec l’intention de partir dès que Mehdi est entré. La surprise de la trouver à la maison a rendu son visage écarlate. Mais ils ne dirent rien. Louiza n’a rien remarqué. Elle est toute heureuse qu’il soit rentré plus tôt que d’habitude.
- Tu aurais dû me la présenter avant, dit-elle avec un air de reproche sur le visage. C’est la plus sympathique de tes collègues…
- Tu trouves ? murmure-t-il.
- Elle est si gentille… Elle s’apprêtait à partir… s’il te plaît, retiens-la pour le goûter, le prie Louiza. Peut-être qu’elle t’écoutera ?
- Puisque tu es venue, fait lui plaisir et reste encore un peu, dit Mehdi en regardant Sorreya dans les yeux. Tu en profiteras pour prendre le café avec nous…
- Pour lui faire plaisir, répond-elle, essayant de ne pas sentir le trouble qui avait son cœur à son égard.
- Merci Sorreya, s’écrie Louiza en allant la prendre par le bras pour l’entraîner au salon, après avoir demandé à sa cousine de leur servir le goûter.
Sorreya et elle s’assoient sur le divan. Louiza est perplexe devant les sentiments qui l’habitent.
- J’ignore pourquoi mais je me sens bien avec toi, lui avoue-t-elle. C’est comme si…
Elle se lève et va à la bibliothèque d’où elle prend un album à photos. Elle lui montre celles de Mehdi quand il était enfant, à l’école puis à sa table de travail.
- Tu ne peux pas savoir, Sorreya, combien j’ai souffert quand il s’est éloigné de moi… J’avais beau me montrer courageuse, je crois que sans lui, je n’aurais plus eu la force de vivre.
Sorreya avait envie de lui dire qu’elle aussi avait eu ce sentiment. Elle avait cru devenir folle quand Mehdi lu avait dit que c’était fini entre eux, qu’il ne voulait plus d’elle. Un homme qui ne l’avait peut-être jamais aimée. Sorreya se détourne pour que Louiza ne voie pas son trouble. Louiza ajoute :
- Il n’y a aucune passion entre nous mais nous nous aimons… de tendresse seulement. Il est tout pour moi.
Sorreya se demande comment il a pu tromper une telle femme. Elle s’en veut et se reproche de l’avoir trahie. Elle aurait dû le renvoyer à sa famille.
Louiza est unique. Sorreya ne saisit pas comment Mehdi ne l’a pas compris tout de suite. Elle se détourne des photos dès que la jeune fille entre avec un plateau. Elle leur sert du lait au chocolat qu’elles peuvent accompagner de gâteaux faits maison.
Sorreya refuse d’en prendre. Elle ne veut pas tarder. Elle a fait assez de gaffes en fréquentant Mehdi pendant tous ces mois.
- Merci pour le goûter, dit-elle.
- Oh ! ce n’est rien, répond Louiza. C’est à moi de vous remercier pour la visite. J’ai l’impression que je vais vite me remettre.
À ce moment, Mehdi entre au salon. Il évite de les regarder, feignant de chercher un ouvrage dans la bibliothèque.
- Vous reviendrez un jour ? l’interroge Louiza alors qu’elle l’accompagne jusqu’à la porte.
- Inch Allah, soupire Sorreya.
Elle est comme frappée quand Louiza ne lui fait pas la bise mais lui tend la main tout en accrochant son regard. À cet instant, Sorreya devine que Louiza sait, qu’elle a souffert pendant tout ce temps. Dans son regard, elle est un peu comme rassurée. Mehdi, lui, est retourné. Elle sait que Sorreya ne cherchera plus après lui. Leur histoire est belle et bien terminée.
Sorreya part en courant presque, voulant fuir l’image de cette femme qu’elle a trahie, qui a souffert en silence, pendant des mois en sachant que son mari a quelqu’un d’autre. Elle s’en veut de s’être laissée aller. Toutes deux n’auraient pas souffert, l’une de voir son mari avoir envie d’une autre et elle qu’il décide de mettre fin à leur relation pour mieux retrouver sa famille. Louiza a eu de la chance que pendant ces deux années, Sorreya n’ait pas accepté d’être sa seconde épouse.
Il faudra du temps pour Sorreya d’oublier cette sourdre douleur en elle. Mais c’est sans regret qu’elle a aimé Mehdi, qu’elle a partagé avec lui ces quelques mois de bonheur.
Tout en fêtant le cinquième anniversaire de Yasmine, Sorreya reconnaît que sans elle, elle n’aurait jamais pu connaître ce qu’il y avait de plus beau dans la vie : aimer et partager. Avec sa venue au monde, elle s’est vue renaître et connaître le vrai bonheur, même s’il s’est fait en cachette. Mais c’est sans regret. Elle a pu ramasser un bon nombre de doux souvenirs qui pourront l’aider à bien accueillir ses cinquante ans, tout prochainement.
Fin
12 juillet 2011
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