Edition du Lundi 11 Juillet 2011
Des gens et des faits
Rien que des chimères
La nouvelle de Adila Katia
RÉSUMÉ : Sorreya ne fait plus partie de sa vie. Elle aurait voulu être amnésique et oublier cette belle partie de sa vie. Mais tout lui rappelle Mehdi, une odeur, une chanson, une plaisanterie. Les souvenirs des jours heureux sont pénibles à vivre. Elle pense à se venger. Il le méritait bien…
Sachant par une tierce personne que Louiza a quitté l’hôpital et qu’elle reçoit beaucoup de visites chez elle, Sorreya décide de la voir pour s’offrir le plaisir, tout en prenant de ses nouvelles, de faire exploser la vérité. Celle qui fait mal et qui dérange.
Sorreya se présente chez Mehdi à quatorze heures. Avant de monter, elle avait attendu de voir ce dernier partir à son travail. Elle sonne et elle sourit à la jeune fille qui vient lui ouvrir.
- Je suis Sorreya, une ancienne collègue de Mehdi… Je suis venue prendre des nouvelles de Louiza.
D’un geste du bras, la jeune fille l’invite à entrer puis la précède dans une chambre. Louiza est assise sur le bord du lit, très pâle dans sa robe bleu nuit. Sur la table basse, une carafe de jus d’orange et deux verres ont été déposés. Lentement, elle sourit à Sorreya qu’elle invite à prendre place près d’elle, dès qu’elles se sont dites bonjour.
En son cœur, Sorreya est en train d’enrager. Louiza est belle et simple. Tout en sirotant le jus servi par la jeune fille, elle l’écoute lui parler de son enfance, de son mariage, de ses enfants, de son mari. Sorreya savait déjà tout mais si au début, elle était venue avec une volonté de feu, de tout dire à Louiza, maintenant elle n’en avait plus le courage. Elle n’est et ne sera jamais une garce.
Peut-être qu’elle aurait pu le faire si Louiza était autre. Louiza lui plaît avec sa naïveté, avec sa foi, avec cet amour voué à Mehdi. Louiza n’hésite pas à lui confier que sans cet accident, son mari ne serait pas revenu à elle, qu’avant il fréquentait une autre femme. Sorreya a senti ses jambes devenir de coton et ses mains trembler.
- Et vous n’avez jamais été jalouse d’elle ? murmure-t-elle.
Louiza répond sereine.
- Non, jamais ! À quoi bon quand je sais qu’ils finiront par se séparer ?
- Et vous n’avez jamais cherché à savoir qui ?
Elle réfléchit un moment. Avec un sourire, elle dit:
- Sans doute, est-ce une fille de bonne famille puisqu’elle n’a pas cherché à me faire souffrir, moi et mes enfants ! Une autre en aurait profité. J’ai senti, à un moment, que mon mari était près à tout abandonné pour elle. Mais elle n’en a pas profité.
Sorreya se mord les lèvres, craignant que la vérité ne lui échappe malgré elle. Elle ne veut plus rien lui dire. La vengeance est loin derrière elle.
- Il faut que je parte, dit-elle.
- Faites-moi plaisir… Restez encore un peu, lui demande Louiza : posant une main sur son bras. Excusez. C’est la première fois que cela m’arrive. Mais je trouve du réconfort en me confiant à vous. S’il vous plaît ! restez…
Sorreya voudrait bien mais elle craint que Mehdi ne rentre plus tôt que d’habitude. Il ne doit pas la trouver ici. Sinon, à son attitude, sa femme comprendra et Sorreya ne le veut pas. Elle sursaute quand on sonne. Et c’est Mehdi…
(À suivre)
A. K.
11 juillet 2011
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