Le monde de l’étrange
Les humanités différentes (CLXXXIII)
Par M. A. Haddadou
Dom Calmet, dont nous avons déjà cité la Dissertation sur le vampirisme, évoque aussi le cas de personnes vivantes enterrées prématurément. «Tout le monde convient qu’il n’arrive que trop souvent, qu’on enterre des personnes, qui ne sont pas bien mortes. La thèse de M. Winflou,
et les notes que M. Bruhier y a ajoutées, suffisent à prouver qu’il y a peu de signes certains d’une véritable mort, hors la puanteur et la putréfaction d’un corps au moins commencées. Il y a je ne sais combien de maladies, où le malade demeure longtemps sans parole, sans mouvement, sans respiration sensible ; il y a des noyés qu’on a crus morts, et qu’on a fait revenir en les saignant et en les soulageant. Tout cela est connu, et peut servir à expliquer comment on a pu tirer du tombeau quelques vampires, qui ont parlé, crié, hurlé, jeté du sang ; tout cela, parce qu’ils n’étaient pas encore morts. On les fait mourir en les décapitant, en leur perçant le cœur, en les brûlant, et en cela on eut très grand tort ; car le prétexte qu’on a pris de leur prétendu retour, pour inquiéter les vivants, les faire mourir, les maltraiter : c’est ce qui n’a jamais été ni prouvé, ni constaté d’une pareille inhumanité, ni à déshonorer, faire mourir ignominieusement, sur des accusations vagues, frivoles, non prouvées, des personnes certainement innocentes de la chose dont on les charge. Car rien n’est plus mal fondé que ce qu’on dit des apparitions, des vexations, des troubles causés par les prétendus vampires. Je ne suis pas surpris que la Sorbonne ait condamné les exécutions sanglantes et violentes que l’on exerce sur ces sortes de corps morts…
8 juillet 2011
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