Au coin de la cheminée
Histoire de celui qui s’en alla apprendre la peur (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Le jeune homme, malgré les épreuves épouvantables auxquelles il est soumis, ne parvient pas à avoir peur…
Et il se mit à leur taper dessus. Une partie des assaillants s’enfuit ; il tua les autres et les jeta dans l’étang. Puis il revint près du feu, le ranima en soufflant sur les braises et se réchauffa. Bientôt, il sentit ses yeux se fermer et eut envie de dormir. Il regarda autour de lui et vit un grand lit, dans un coin.
— Voilà ce qu’il me faut, dit-il.
Et il se coucha. Comme il allait s’endormir, le lit se mit de lui-même à se déplacer et à le promener à travers tout le château.
— Très bien ! dit-il. Plus vite !
Le lit partit derechef comme si une demi-douzaine de chevaux y étaient attelés, passant les portes, montant et descendant les escaliers.
Et tout à coup, le garçon se retrouva par terre avec comme une montagne sur lui. Il se débarrassa des couvertures et des oreillers, se faufila de dessous le lit et dit :
— Que ceux qui veulent se promener se promènent.
Et il se coucha auprès du feu et dormit jusqu’au matin.
Le lendemain, le roi s’en vint au château. Quand il vit le garçon étendu sur le sol, il pensa que les fantômes l’avaient tué.
Il murmura :
— Quel dommage pour un si bel homme !
Le garçon l’entendit, se leva, et dit :
— Je n’en suis pas encore là !
Le roi s’étonna, se réjouit et lui demanda comment les choses s’étaient passées.
— Très bien. Voilà une nuit d’écoulée, les autres se passeront bien aussi. Quand il arriva chez l’aubergiste, celui-ci ouvrit de grands yeux.
— Je n’aurais jamais pensé, dit-il, que je te reverrais vivant. As-tu enfin appris à frissonner ?
— Non ! répondit-il ; tout reste sans effet. Si seulement quelqu’un pouvait me dire comment faire !
Pour la deuxième nuit, il se rendit à nouveau au château, s’assit auprès du feu et reprit sa vieille chanson : «Ah ! si seulement je pouvais frissonner.» A minuit on entendit des bruits étranges. D’abord doucement, puis toujours plus fort, puis après un court silence, un grand cri. Et la moitié d’un homme arrivant par la cheminée tomba devant lui.
— Holà ! cria-t-il. Il en manque une moitié. Ça ne suffit pas comme ça ! Le vacarme reprit. On tempêtait, on criait. Et la seconde moitié tomba à son tour de la cheminée.
— Attends, dit le garçon ; je vais d’abord ranimer le feu pour toi.
Quand il l’eut fait, il regarda à nouveau autour de lui : les deux moitiés s’étaient rassemblées et un homme d’affreuse mine s’était assis à la place qu’occupait le jeune homme auparavant.
— Ce n’est pas ce que nous avions convenu, dit-il. Ce tour est à moi !
L’homme voulut l’empêcher de s’y asseoir mais il ne s’en laissa pas conter. Il le repoussa avec violence et reprit sa place.
Beaucoup d’autres hommes se mirent alors à dégringoler de la cheminée les uns après les autres et ils apportaient neuf tibias et neuf têtes de mort avec lesquels ils se mirent à jouer aux quilles. Le garçon eut envie d’en faire autant. (A suivre…)
Contes merveilleux
8 juillet 2011
Non classé