Mohamed Gharbi a été libéré hier. Le moudjahid et patriote de Souk-Ahras a quitté le pénitencier de Khenchela après dix ans d’emprisonnement. Sa libération est le résultat d’une mobilisation citoyenne de grande envergure.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Il est libre ! Mohamed Gharbi a finalement retrouvé les siens après 10 années d’emprisonnement. «Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu. Je remercie Dieu car il y a encore des patriotes dans ce pays. Ils sont les véritables enfants de l’Algérie», nous a-t-il dit, hier, à sa sortie de prison. L’homme est encore sous le coup de l’émotion. Le 5 juillet restera pour lui le jour d’une double libération. Une libération qui est le fruit d’un long combat. Celui d’un homme qui a refusé de brader son honneur et de plier face à l’intégrisme. Un homme qui a rejeté l’hypocrisie imposée par la «raison d’Etat». C’est aussi le résultat d’une lutte engagée depuis plusieurs mois par un groupe de jeunes Algériens : les membres du collectif «Libérez Mohamed Gharbi». Khaled, Samir, Yamanda, Hassène, Anya, Mehdi, Sarrah, Mira… d’Alger à Paris, d’Oran à Montréal ont mené un combat pour l’honneur. Des jeunes de tous horizons qui n’ont pas hésité à braver les interdits pour manifester devant le pénitencier de Khenchela ! La libération de Gharbi est aussi la victoire de ses deux avocats, Me Abderahmane Boutemine — qui suit l’affaire depuis 2001 — et Me Smaïn Chama. Une affaire qui a tourné à la tragédie lorsque, de 20 années de prison ferme, Mohamed Gharbi a été condamné à la prison à perpétuité puis à la peine capitale par la cour de Guelma. Il est important de rappeler qu’il y a toute juste une année, le pourvoi en cassation introduit par la défense pour la peine capitale avait été rejeté par la Cour suprême. Il est vrai qu’il n’y a eu aucune exécution depuis une quinzaine d’années. Mais à 75 ans, avec une santé très fragile, la détention aurait été fatale à Mohamed Gharbi. Au mois de novembre dernier, suite à la détérioration de son état de santé, son fils Mourad avait lancé ce cri de détresse : «Actuellement, il n’a qu’un souhait : qu’ils mettent à exécution la peine de mort.» «Je ne m’y connais pas en médecine, mais je suis certain que ces médicaments ne sont pas adaptés à son état de santé, surtout depuis qu’il a fait une crise d’hypertension. Il faut savoir que ses conditions de détention sont effroyables. Mon père est seul dans une cellule minuscule. Il est menotté toute la journée. Pour nous, les membres de sa famille, les mercredis sont devenus des jours de deuil. Nous avons l’impression d’aller au cimetière lorsque nous nous rendons à la prison de Khenchela. Mohamed Gharbi est un homme qui souffre. Ils sont en train de le tuer à petit feu», expliquait alors Mourad. Quelques semaines plus tard, grâce à l’intervention de la présidence de la République, la peine de mort était commuée en peine de 20 années de réclusion. La mobilisation citoyenne remporte sa première bataille. Mais il a fallu que LMG augmente la pression pour que le département de la justice accepte, enfin, de prendre en considération la demande de libération conditionnelle déposée au niveau de son administration. Les blocages et autres tergiversations n’ont eu aucun effet. Et aujourd’hui, 5 juillet, Gharbi est enfin libre.
T. H.
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/07/06/article.php?sid=119680&cid=2
6 juillet 2011
Histoire