Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (77e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 76e partie : Un jour, on apprend l’arrivée, au village, d’un sorcier. On dit à Aïcha qu’il peut faire revenir l’homme qu’elle aime.
Elle se renseigne et on lui indique où habite l’étranger. Un soir, elle se rend dans la cabane. Elle frappe à la porte. Le sorcier regarde par la fenêtre et aperçoit une femme très mal habillée, les cheveux en désordre.
—Que veux-tu ? demande-t-il hostile.
—Ouvre, c’est moi, Aïcha Tabehloult !
Il crie :
— Tu n’as rien à faire ici, va-t-en !
Elle se met à tambouriner sur la porte.
— Ouvre, ouvre !
Lassé, il finit par ouvrir. Elle se précipite dans la cabane et lui raconte sa peine.
—Tout le monde se moque de moi, je suis malheureuse loin de mon homme !
Le sorcier l’écoute. Il n’a pas pitié de cette femme mais son insistance à entrer chez lui l’a irrité et il s’est mis à la mépriser.
— On dit que tu es sorcier, dit Aïcha.
Le sorcier a aussi compris que cette femme est idiote.
—Je viens de l’ouest, dit-il, et, effectivement, je suis sorcier.
— Sorcier ! Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Cela veut dire que je réalise des prodiges !
Aïcha s’enthousiasme.
— C’est vrai, cela ?
Le sorcier sourit, découvrant des dents cariées.
— Disons que je suis en mesure de réaliser certains phénomènes étonnants.
Aïcha, oubliant l’objet de sa visite, s’écrie :
— Tu peux, maintenant, faire apparaître, là, sous mes yeux, un grand plat, plein de couscous et de viande ?
— Oui, dit le sorcier
Il claque des doigts et aussitôt apparaît un grand plat plein à ras bord de couscous, avec des morceaux de viande.
— Tu l’as fait ! s’exclame Aïcha
Elle s’approche du plat, l’eau à la bouche. Le sorcier lève ses doigts crochus, fait un geste, en prononçant des paroles mystérieuses. Aussitôt, une sorte de serpent à sept têtes, crachant du feu, apparaît au milieu de la pièce. Il souffle fort, comme un soufflet de forge et on a l’impression qu’un feu est allumé dans sa maison.
— Attention ! crie le sorcier
Aïcha tombe face contre terre en se cachant le visage pour fuir la vision d’épouvante.
— Fais disparaître ce monstre ! supplie-t-elle.
Le sorcier claque des doigts. Le souffle et la sensation de chaleur ont disparu mais Aïcha se cache toujours le visage.
— Le monstre a disparu, dit le sorcier, tu peux relever la tête !
Aïcha qui ne se cache plus le visage, découvre que le monstre a bien disparu ! (A suivre…)
1 juillet 2011
1.Extraits, K. Noubi