Suspense
Les pendules (45e partie)
Résumé de la 44e partie : Colin donne à Beck tous les renseignements quant aux voisins et au lieu où a été retrouvé l’inconnu assassiné…
Brusquement le colonel se mit à glousser.
— Allons, mon petit, faites gaffe. Une fois de plus, la sexualité relève son front hideux. Depuis quand la connaissez-vous ?
— Il n’y a aucune… enfin, c’est-à-dire… C’est une jeune fille qui a découvert le corps.
— Et qu’a-t-elle fait alors ?
— Hurlé.
— Parfait, dit le colonel. Elle a couru pleurer sur votre épaule, pour tout vous raconter. Juste ?
— Je ne sais pas ce que vous voulez insinuer. Tenez, voyez.
Et je lui remis les clichés de l’identité judiciaire.
— Qui est-ce ? interrogea le colonel.
— L’homme assassiné.
— Dix contre un que c’est votre mignonne qui l’a tué. Toute cette histoire me paraît louche.
— Vous n’en savez pas le premier mot ; je ne vous ai encore rien raconté.
— Inutile, répliqua le colonel. Allez, filez à votre tribunal, mon petit, et tenez cette fille à l’œil. Porte-t-elle un nom lunaire, par hasard : Diana… Artemis ?
— Non, rien à voir.
— Eh bien, croyez-moi, ça lui aurait été comme un gant.
Il y avait fort longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans Whitehaven Mansions. Ayant pris l’ascenseur, j’allai sonner à la porte 203 qui me fut ouverte par un valet de chambre stylé au sourire accueillant :
— Mr Colin, il y a des éternités qu’on ne vous a pas vu ici !
Je retrouvai mon ami Hercule Poirot, assis comme d’habitude dans son fauteuil trapu au coin du feu.
— Ah ! c’est donc vous, mon ami. Mon jeune ami Colin que je tiens à féliciter pour sa réussite dernièrement dans une affaire spectaculaire, l’affaire Larkin, si je ne me trompe ?
— Pour l’instant ça marche assez bien. Mais avant d’arriver à mes fins, j’ai encore fort à faire. Toutefois, ce n’est pas de ça que je viens vous parler.
— Bien sûr, bien sûr, fit Poirot
D’un geste, il m’invita à m’asseoir, me proposa une tisane que je refusai sans hésitation. Après un bref coup d’œil sur les livres disséminés autour de lui, je remarquai :
— Il semble que vous faites quelques recherches, ces temps-ci ?
Soupirant Poirot me dit :
— Si vous voulez. En un sens, c’est vrai. Je me suis senti un tel besoin de poursuivre une enquête dernièrement que j’ai eu recours aux romans continua-t-il en s’emparant d’un volume : Le Mystère de la Chambre jaune.
Un véritable classique, qui me satisfait entièrement. Avec quelle logique c’est mené. Je me souviens avoir lu des critiques disant qu’on y sentait le procédé. Mais c’est faux, mon cher, tout à fait faux On le croirait, mais il s’en faut de l’épaisseur d’un cheveu. Non, tout au long de l’intrigue, la vérité est là, sous-jacente enrobée de mots pertinents. Tenez, quand les trois hommes se rencontrent à la jonction des trois couloirs, On devrait avoir tout compris. Un véritable chef-d’œuvre, presque oublié de nos jours, je crois. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
1 juillet 2011
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