Ainsi va la vie
Comme un parfum de trahison (33e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 32e partie : Après avoir plongé dans la mélancolie, Nadjet, sous les menaces de sa mère, a fini par se décrisper. Elle a repris goût à la vie et s’est même inscrite au concours de magistère.
Six mois ont passé. Nadjet attend un enfant, au grand bonheur de sa mère et de son père que la perspective d’être grands-parents enchante. Nadjet, elle, a obtenu son concours de magistère et suit les cours de formation théorique. Sa grossesse n’est pas apparente – c’est à peine, quand elle porte des pantalons, qu’on remarque la légère rondeur de son ventre – elle peut donc aller et venir sans difficulté.
Ce matin, en la déposant à l’université, Rabah lui a fait les recommandations habituelles.
— Ne te fatigue pas trop et surtout ne mange pas toutes ces cochonneries qui se vendent autour de l’université ; si tu as faim, va dans une vraie pizzeria !
Elle a ri, et quand il lui a proposé de passer la chercher à midi, elle a répondu que ce n’était pas la peine : elle veut aller travailler un peu à la bibliothèque.
Après le cours, elle est sortie pour aller manger, c’est alors q’un homme l’aborde.
— Nadjet !
Elle se retourne. Elle ne reconnaît pas de prime abord le jeune homme qui l’appelle ainsi par son prénom. Mais son allure lui dit quelque chose. Brusquement, elle sursaute.
— Salim !
Il lui semble plus grand – peut-être parce qu’il a maigri – plus brun aussi, mais c’est lui ! C’est le jeune homme nerveux, aux traits fins, à la taille élancée…
— Nadjet !
Il va vers elle, et avant qu’elle n’ait le temps de réagir, il la prend dans ses bras et l’embrasse.
— Nadjet !
Il la regarde et rit.
— Toi !
— Tu… tu es sorti de prison demande-t-elle, la voix brisée.
— Oui, dit-il.
Son visage se fait dur.
— Tu n’es pas contente de me voir ? demande-t-il d’une voix brusquement inquiète.
— Qu’est-ce que tu vas chercher là ? dit-elle.
Son visage s’éclaire alors d’un sourire radieux.
— Ah, je croyais…Tu n’as pas donné signe de vie depuis si longtemps !
Il ajoute :
— je comprends, tes parents… Depuis ma sortie de prison, il y a quatre jours, je te guette devant chez toi… Pas moyen de te voir, alors j’ai pensé à l’université… Je sais que tu as terminé les études, mais je me suis souvenu que tu voulais t’inscrire au magistère.
Elle sourit, malgré elle.
— Tu te souviens de cela ?
— Bien sûr, dit-il, je me rappelle tout ce qui te concerne, tout ! (A suivre…)
29 juin 2011
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