Ainsi va la vie
Comme un parfum de trahison (32e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 31e partie: Nadjet pense tout raconter à Rabah, lui dire qu’elle en aime un autre, mais elle renonce à cette idée insensée et l’épouse.
Les premiers jours, elle est si mélancolique que sa belle-mère, la tante Zoulikha, s’alarme et en parle à Baya.
— Je ne sais pas ce que ta fille a ! Elle ne sourit jamais, c’est à peine si elle nous parle, elle mange très peu…
— Laisse-lui le temps de s’habituer à sa nouvelle vie, dit Baya.
Mais une fois seule avec sa fille, elle lui fait de sévères remontrances.
— Tu cherches à te faire renvoyer ? Tu veux provoquer un scandale ? Tu veux nous faire du mal, à ton père et à moi ?
— C’est plus fort que moi, dit la jeune femme, qui se met à pleurer.
— Alors, il ne fallait pas te marier, dit Baya.
— C’est vous qui m’avez forcée !
Baya s’emporte :
— Ah, je vois, tu tiens toujours à ce délinquant ! Eh bien, sache que si tu pars d’ici, tu ne l’épouseras jamais, on te mariera à un vieux qui te rendra la vie amère ! On verra alors si tu continueras à crâner !
Des menaces en l’air ? Nadjet connaît suffisamment sa mère pour comprendre qu’elle ne cherche pas à l’impressionner. Elle connaît aussi le statut des femmes divorcées qui est loin d’être brillant. Un retour à la maison signifierait pour elle la réclusion et, comme sa mère l’a menacée, elle épouserait le premier venu, et il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’un veuf ou même d’un vieillard…
Elle se dit que maintenant qu’elle est mariée et qu’elle a perdu à jamais l’espoir de retrouver Salim, il est plus de se montrer raisonnable…
Ainsi, peu à peu, elle se décrispe, elle se met à discuter avec sa belle-mère, elle se montre même affectueuse avec Rabah, qui, pour gagner sa confiance, n’a pas cessé de la couvrir de présents et de satisfaire tous ses désirs.
A la prochaine visite de Baya, Zoulikha annonce la bonne nouvelle à sa sœur.
— elle a complètement changé !
— je te l’avais dit, exulte Baya, il lui fallait un temps d’adaptation !
Baya félicite sa fille.
— Tu as finalement compris où est ton intérêt, lui dit-elle, il était temps, car je craignais pour toi le pire !
Les jours suivants, elle reprend goût à la vie et parle de préparer pour l’automne prochain le concours de magistère.
— Pourquoi pas ? dit Rabah, tu pourrais faire une carrière universitaire.
A la rentrée elle s’inscrit et se met à fréquenter les bibliothèques. C’est pour elle une occasion de sortir. (A suivre…)
29 juin 2011
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