Nouveau commentaire sur l’article #458 « Les plumes «
Auteur : guendouz
E-mail : nadhor@live.fr
URL : http://www.ain-dzarit.com
ci-joint:
souvenirs d’écolier, par Hadj Cheikh BENZINEB de Ain-Dzarit.
Les hommes de valeurs sont ceux qui savent conserver le souvenir de ceux qui ont efficacement travaillé pour eux.
C’est
dans ce contexte que s’inscrit le choix de l’école comme noyau des
activités culturelles annuelles de l’association « Retrouvailles et
continuité » présidée par le Docteur Kaouel MEGUENNI.
La
conviction des organisateurs que la réalisation, la matérialisation de
tous changements positifs, sociales, culturelles et politiques restent
et demeurent la mission essentielle de l’école.
Pendant deux
jours, durée de la fete (08 et 09 Juillet 2011), nous sommes conviés à
revivre notre passé de villageois passifs avec ses souvenirs,
réminiscences, visages, paysages, peur, angoisses, tendresse, espérance,
qui se refractent dans une obsession qui sort de la grisaille et entre
dans la lumière aveuglante de la réalité.
La mission
civilisatrice que les envahisseurs français aimaient tant à coller a
leur sale opération d’occupation de notre chère patrie a finalement
aboutit, en 1924, après un siècle de présence dévastatrice, à la
construction de la première salle de classe (image ci-contre) de l’école
du village de Ain-dzarit.
Jusque en 1938, l’école coloniale n’était fréquenté que par les européens.
Ce
n’est qu’en 1939, je ne sais par quel miracle que l’administration
coloniale locale autorisa la scolarisation des enfants d’indigènes,
d’autochtones.
Quant à ma génération, enfants
d’ouvriers saisonniers chez les colons, ou encore nettement enfants
d’esclaves contemporains, puisqu’ils travaillaient beaucoup (14 heures
par jour) pour ne recevoir que les miettes de l’effort consenti, c’est à
dire 15 kilos de blé tendre, de quoi tromper la faim des enfants durant
15 jours.
Pour revenir à ma scolarisation, je cite l’heureuse
coincidence, alors que nos ainés prennent les armes et rejoignent le
maquis (Novembre 1954), nous fumes scolarisés lors de la rentrée
scolaire 1954/1955.
L’effectif scolaire de l’école comptait 35 européens et 21 autochtones.
Au fur et à mesure de mon parcours scolaire primaire la réalité se dessinait de plus en plus nettement.
la présence de dominés et de dominants.
De pauvres à l’éternité,
et de riches à l’éternité.
de gens condamnés à l’ignorance perpétuelle,
et de gens précurseurs des dons de la science et du savoir.
Je n’arrivais pas à m’expliquer cette différence choquante entre élèves européens et élèves Algériens.
Les
élèves européens portaient des habits neufs, des habits de luxe, ils
étaient bien nourris, ça se voyait à leurs gouters qu’ils apportaient
avec eux et que j’arrivais à subtiliser par moments pour aller le
déguster dans les lavabos.
Ils étaient bien soignés, bien coiffés, jamais malades, ils disposaient de fourniture scolaire plus que le nécessaire.
Tandis
que l’autre partie de la population scolaire, celle à laquelle
j’appartenais : nos habits étaient de haillons rapiécés par mille
endroits, des fois retenus par des morceaux de fil de fer rouillé, des
habits abimés.
Nous étions mal nourris : une demi galette à midi
et l’autre moitiée le soir. Ceux qui arrivaient à s’assurer cette
ration chaque jour, vivaient le Paradis sur terre.
Nous étions mal soignés, c’est à dire n’avoir jamais bénéficié d’une auscultation.
Nous
étions mal coiffés, si ce n’était cette Chéchia à la bordure crasseuse,
nos parents se trouvaient obligés de nous raser les cheveux. Des
cheveux, foyer préféré ou se propageaient tranquillement les Poux.
Ces handicaps sociaux, matériels, psychiques ne nous ont pas empéché de réaliser les meilleurs résultats.
Ignorant en quoi peut servir que de raconter aux jeunes d’aujourd’hui
une journée de classe en 1960, pourtant j’ose le faire, invitant le
lecteur à procéder à l’analyse qui s’y impose :
La rentrée dans la cour de l’école était prévue à 8 h moins le quart.
Une
fois réunis dans l’enceinte de la cour, alors que les élèves européens
trouvaient dans l’artifice des plaisirs bourgeois la source des joies de
l’existance, les élèves Algériens, pour ne pas dire indigènes,
s’informaient réciproquement des irruptions nocturnes au sein des foyers
paisibles par les militaires français à la recherche des Fellagas.
La cloche que je conserve toujours (image ci-contre) sonne, c’est la
rentrée en classe, aussitot nous entamons LA MARSEILLAISE, l’hymne
national français.
Et à propos de la marseillaise : J’ai appris
et chanté KASSAMAN, l’hymne National Algérien en France, à Blaymard,
dans le département de la Lozère en 1961 alors que j’étais en colonie de
vacances.
Revenons à notre journée de classe, le chant de la
marseillaise est suivi par la leçon de langage « la basse cour », la leçon
de calcul, les nombres décimaux.
10 h 30 la récréation de 15 minutes.
Les
élèves européens tiraient de leurs poches des casse-croutes bien
emballés qu’ils dégustaient sous nos yeux, alors que nous, nous nous
contentons d’admirer ces anges du ciel se rassasier alors que nous
sentons une faim atroce.
De retour en classe : une leçon de dictée.
L’après-midi est entamé par une leçon d’histoire: « Abdelkader, l’ami fidèle de la France ».
Je revois notre maitre se dépenser, s’abimer pour semer dans nos mémoires les germes du déracinement.
Il considérait et s’appliquait à faire de la leçon d’histoire la plus importante matière d’enseignement.
La salle de classe parlait histoire jusqu’à l’air que nous respirons.
De nos jours, l’enseignement de l’histoire est relégué au second plan.
Cheikh BENZINEB.
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29 juin 2011 à 16 04 51 06516
en quelle langue c’est écrit ?
du Yougoslave ou du russe ?
cet article a été publié en Français ?!?