Culture : MA VISION II OU LE POUVOIR DES FRAGMENTS, DE MEDRÈCHE Mots à maux

Ecrit dans un style qui lui est désormais propre, Ma Vision II ou le pouvoir des fragments, un condensé de citations existentielles et/ou imaginaires, est la suite logique, sincère et encore plus «engagée» du premier recueil du même genre.

C’est, en fait, cet autre voyage littéraire et philosophique que l’auteur de Sourire aux maux nous propose de découvrir à travers le pouvoir de la syllabe, du mot et de la phrase. Un recueil de citations à ligne de conduite renouvelée avec une dynamique constante où, Medrèche, de son vrai nom Ahmed Rechrech, évoque à sa manière la thématique de l’amitié, de l’amour, de la patrie, de l’Etat, ou encore le présent et la prison. En somme, pour lui, «chaque mot est une répétition d’un son réfléchi par tant de soupirs, peu de sourires et tant de maux. Chaque phrase, loin d’être une emphase, est en réalité un lapsus, parfois un raptus d’une aphasie cruelle dont s’exerce inconsciemment la souffrance…». Entouré de sa famille, ses amis et un parterre de ses fidèles lecteurs, l’invité du club culturel du jeudi, pour qui Malek Haddad, dont le nom porte ce même palais où s’était déroulé cette rencontre, fut et restera à jamais un monument de la littérature algérienne, est venu présenter son nouveau ouvrage : Ma Vision II ou le pouvoir des fragments. Pour ce diplômé en littérature française, l’auteur de Maux souriants, qui fut un temps enseignant de français, écrire est «un échange éminent entre deux solitudes, c’est comme un long tunnel duquel il est déconseillé de sortir. Mais l’on sort quand même pour goûter à l’ingratitude ». Le goût de l’ingratitude et la désolation, ils les avaient vécus et ressentis. L’ingratitude, il l’a vécue lorsqu’on a, «à tort, offensé le génie et la mémoire» de celui qui enfanta Le quai aux fleurs ne répond plus, le regretté Malek Haddad. Une offense proférée, de surcroît, par des «ingrats» à l’occasion même de la commémoration de son œuvre. La désolation, il l’a ressentie lorsqu’on lui avait «conseillé de dire» le fond de sa pensée autrement que ce qu’il pensait au fond de lui. Cette parenthèse fermée, mais nécessairement abordée, pour que nul n’oublie qui fut ce génie, l’auteur plongera dans son monde, deux heures durant, son public à travers un récital «fragmenté » de citations. Lauréat du premier prix Art et Culture des 1res poésiades d’Alger, cet ancien officier de rééducation aborde tant la vie que la mort avec poésie et lyrisme. Pour lui «la vie ne craint pas les héros mais les disciplinés». Alors que « la mort n’a jamais été un sommeil, c’est un éternel éveil». L’auteur pour qui «à force de sourire aux maux, les maux les plus grimaçants ont fini par devenir souriants» invite ses lecteurs, à travers cet ouvrage de plus 500 citations reflétant sa «vision» dans un subliminal voyage, à la conquête de l’espoir et du désespoir, à la rencontre de la guerre et de la paix où encore des délices de l’amour et les blessure du cœur.
Farid Benzaid
Medreche : Ma vision II ou le pouvoir des fragments de Medrèche. Édition Édilivre, Paris 2011. 111 pages.