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Mohamed Gharbi PORTRAIT… Par : Hamid Grine

26 juin 2011

Contributions

Mohamed Gharbi PORTRAIT… Par : Hamid Grine dans Contributions logo_imp
Edition du Dimanche 26 Juin 2011

Culture

Mohamed Gharbi

PORTRAIT…


Par : Hamid Grine

C’est une vie de roman que celle de Gharbi Mohamed. Mais un roman noir où l’on rit jaune. Et même on pleure d’impuissance.

Entrons dans ce roman. Gharbi a combattu pour la dignité des Algériens. Il a connu la souffrance, la faim, la peur même, sans que son courage faiblisse. Il fallait tenir ou mourir pour que vive l’Algérie. L’indépendance acquise, il n’avait cherché à avoir ni fauteuil ni strapontin pour prendre sa part de butin. Il ne s’est pas battu pour ça, voyons. Mais il a assisté incrédule à la ruée sur les biens des Français — ex-colons ou petits blancs —, il a vu comment ceux qui tiraient à blanc durant la Révolution, tiraient à boulets rouges sur leurs frères et leur mère, l’Algérie. Il en a vu, Gharbi. Il a été dégoûté des hommes qui ont aiguisé leurs canines sur la chair de leurs frères meurtris par la guerre.
Il a été horrifié par ceux qui courraient derrière les postes, brandissant un titre d’ancien moudjahid, alors que le seul titre dont ils pouvaient se prévaloir, monsieur, c’était les titres de propriété de terrains, d’usines et de villas de maître qu’ils venaient d’acquérir grâce à leur opportunisme et leur fausse légitimité de combattant, car le vrai combattant, c’est celui qui dépose les armes à l’indépendance. Et non celui qui les garde pour en faire un instrument de conquête des richesses de ce pays. Si les maquis pouvaient parler, ils auraient dit :
“On ne les a pas vus, ces combattants qui écrasent leurs frères après s’être écrasés devant l’armée française.” Que répondre à cette terre irriguée du sang des martyrs ? Gharbi qui avait déposé les armes, croyant qu’il avait fait son devoir, n’avait pas besoin d’un dessin pour comprendre qu’on était mal parti. Enfin, lui et les amoureux de ce pays. Les autres ne sont pas partis du tout. Ils ont rejoint le parti unique — quand ils n’y étaient pas déjà —, investissant avec leur morgue d’autres cercles d’influence et de prébende. Gharbi meurtri, Gharbi blessé, Gharbi déçu, sécha ses larmes et suivit le chemin de millions d’Algériens. Il travailla à la construction de ce pays. Et quand on lui parle de la guerre de Libération, cet ancien officier de l’ALN, préfère changer de sujet. Il n’a pas la prolixité, cette maladie chronique des faux combattants. Il a fait son devoir. Point. Et puis voilà qu’un autre ennemi, de l’intérieur celui-là, décide de mettre à feu et à sang l’Algérie.  Qui se lève encore ? Gharbi Mohamed. Le vieux moudjahid, dont les plaies se sont à peine cicatrisées, constitue un groupe de légitime défense et affronte les terroristes. Héros hier, héros aujourd’hui. Mais comme c’est un héros de tragédie grecque, le destin le rattrape. Un chef terroriste repenti le provoque, le menace d’une mort prochaine. Gharbi alerte à plusieurs reprises les services de sécurité. Sans suite. Le vieux lion prend alors sa kalachnikov et se fait justice lui-même. Se faire justice soi-même n’est pas la justice, soit. Mais que devait faire Gharbi ? Se laisser abattre comme un lapin par un terroriste, fut-t-il repenti ? Ou alors se cacher, baisser ses yeux, faire le mort, faire le lâche, pour se soumettre à l’autre qu’il a vaincu sur le terrain ? Ce n’est pas le style de l’homme qui a fait deux guerres pour nous. Un héros ne ressemble pas au commun des mortels, sinon il ne serait pas un héros. Il a le sang chaud et ne badine pas avec l’honneur. Et quand on le cherche, on le trouve toujours. Ce genre d’homme, de justicier, on les met au cachot. Au nom de la justice. Là aussi se pose un dilemme camusien : entre la justice et l’Algérie que choisir ? L’Algérie, mon bon monsieur, l’Algérie au-dessus de la justice. Au-dessus des hommes. L’Algérie du patriote Gharbi, toujours libre même en prison où il crie chaque jour : “Vive l’Algérie !”

H. G.
hagrine@gmail.com

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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