Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (84e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 83e partie : Bezita et Bezit arrivent chez leur fille aîné : la mère, voulant faire du zèle, lui embrouille son tissage. La jeune femme les chasse.
Ils poursuivent leur route, parlant amèrement de l’ingratitude des enfants.
— Nous lui avons donné le jour, nous l’avons élevée, puis mariée et voilà qu’elle nous chasse de chez elle !
— Elle ne nous a même pas donné à manger !
— Peut-être que notre seconde fille se montrera plus clémente à notre égard !
Après quelques heures de marche, ils arrivent chez la seconde fille. Comme la première, elle les accueille chaleureusement.
— Bienvenue à mon père et à ma mère ! Voilà longtemps que je désire vous voir !
— Nous aussi ma fille !
Elle reste avec eux un long moment, elle leur sert à manger. Bezita regarde son mari, satisfaite.
— Ici au moins, on nous donne à manger !
— Mangez, mangez, vous devez être fatigués. Vous avez dû marcher longtemps !
— Oh, oui !
Les parents se gardent, bien sûr, de révéler à leur fille, qu’ils sont déjà passés chez sa sœur et qu’elle les a chassés. Après le repas, la fille dit à sa mère :
— Maintenant que tu es là, je peux sortir chercher de l’herbe à mes bêtes. Surveille attentivement ma jarre d’huile que les voisines ne viennent pas m’en dérober !
Bezita lui dit :
— Pars rassurée, ma fille, personne n’entrera chez toi !
La fille sortie, Bezita va soulever le couvercle de la jarre.
— Comme c’est profond ! s’exclame-t-elle
Elle se penche un peu plus et voilà que emportée par son poids, elle tombe dans la jarre ! Elle se met à crier :
— Bezit au secours ! Viens me sauver !
Bezit accourt. Il cherche sa femme, mais ne la trouve pas
— Où es-tu ?
— Dans la jarre. Tire-moi !
Il tente de la tirer, mais comme ses vêtements se sont imbibés d’huile, elle est très lourde. Craignant qu’elle ne se noie, il court chercher une hache et brise la jarre. Bezita est sauvée mais l’huile se répand, remplissant la pièce.
— Nage, nage ! crie Bezita à Bezit.
Sur ces entrefaites, leur fille arrive. Voyant la jarre brisée et l’huile répandue elle se met à hurler, de rage :
— Ma maison est ruinée ! Ma maison est ruinée !
En apercevant ses parents nageant dans l’huile, elle s’emporte
— C’est vous qui m’avez ruinée ! Partez immédiatement de chez moi, je ne veux plus jamais vous revoir !
Les parents, dépités, s’en vont.
— Cette fille est comme sa sœur, elle ne connaît pas le respect des parents. Allons chez la cadette ! (A suivre …)
26 juin 2011
1.Extraits, K. Noubi