Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (81e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 80e partie : Au procès des Rosenberg, qui s’est ouvert le 6 mars 1950, le principal accusé, Greenglass, reconnaît n’être qu’un mécanicien…
L’avocat ne peut s’empêcher de faire cette réflexion désabusée.
— Vous dites n’être qu’un mécanicien et vous prétendez avoir recopié de mémoire le schéma de la bombe atomique ?
Greenglass ne répond pas, mais la surprise de l’avocat n’est pas prise en compte : tout le monde va trouver normal qu’un mécanicien, qui ne possède pas de notion de physique nucléaire, de physique des quanta ou de thermodynamique, dessine de mémoire le croquis de la bombe et rédige des notes expliquant son fonctionnement !
«Ce n’est pas croyable !» déclare l’avocat à la presse.
Mais là, aussi, on ne tient pas compte de son indignation. Des savants vont, cependant réagir. Ainsi, le docteur Urey, prix Nobel de Chimie en 1934 et un des concepteurs de la bombe atomique, va affirmer le contraire au New York Times : ce que dit Greenglass est théoriquement impossible ; les notes explicatives qu’il prétend avoir fournies en 12 feuillets auraient nécessité quatre-vingt-dix ouvrages ! Et seul un ingénieur, au fait de la physique nucléaire, est en mesure de les rédiger et de les lire !
Albert Einstein dira la même chose : les Rosenberg n’ont pu obtenir de Greenglass des informations sur la bombe !
Le témoignage du colonel Lansdale, responsable de la sécurité à la base militaire de Los Alamos où la bombe a été construite, est sollicité.
«Ce que Greenglass soutient est impossible.
A la base, chaque employé possède un insigne, ostensiblement porté et qui permet d’identifier le service dans lequel il est employé. Et les employés des différents services sont séparés, aucun n’a le droit de discuter avec les employés des autres services. De plus, il est strictement interdit d’aller d’un service, d’un laboratoire à un autre… Il n’a jamais pu rencontrer, comme il l’affirme les savants ni les ingénieurs…»
Et l’homme de conclure :
«Si le secret de la bombe a été divulgué, il n’a pu l’être que par les savants eux-mêmes !» Au cours des débats, le docteur Urey va venir assister à une audience. A la fin, il interpelle les journalistes et leur fait part de son indignation.
«Ce n’est pas croyable ! J’ai entendu les témoignages, j’ai surtout vu comment le juge Kaufman se comporte ave les accusés : ce n’est pas un juge que j’ai vu mais McCarthy ! Sa haine du communisme lui fait oublier qu’il a le devoir de se montrer impartial pour faire établir la vérité et rendre la justice !»
Mais tous ces témoignages ne vont servir à rien : ils ne sont même pas pris en considération lors du procès où ne dominera qu’un son de cloche : celui de la culpabilité des Rosenberg. Même s’ils sont coupables, on ne peut pas dire qu’il aient bénéficié d’un procès équitable !
Le 5 avril, après une médiocre plaidoirie de l’avocat de la défense, le jury se retire pour délibérer. Il revient, quelques instants après, avec le verdict : Morton Sobell est condamné à 30 années de prison, et les Rosenberg à la peine de mort… Le juge Kaufman se réserve le dernier mot mettant en exergue sa haine pour les condamnés.
«Par votre faute, nos adversaires ont la bombe atomique et peuvent l’utiliser contre nos villes et nos personnes ! votre crime est pire que le plus horrible des crimes, la peine qui vous est infligée, aujourd’hui, ne suffira pas à l’effacer !» (A suivre…)
K.N
26 juin 2011
1.Extraits, K. Noubi