Suspense
Les pendules (66e partie)
Résumé de la 65e partie : Son épouse croit que son mari – vu ses différentes frasques – s’appelle Harry Castleton…
Alors vous voilà de retour ? fit Poirot, glissant soigneusement un signet entre les pages de son livre. Cette fois-ci, posée sur la table où il était accoudé, une tasse de chocolat. Quel goût il avait, en matière de boissons ! Mais, Dieu merci, il ne m’en offrit pas.
— Et vous avez réussi, oui ?
— Je n’en sais encore rien, prononçais-je lentement.
— Ah ! vous en êtes là !
— J’ai accompli ma mission, mais sans retrouver l’homme. Moi-même, je ne sais pas au juste ce qu’il fallait chercher. Des renseignements ou un cadavre ?
— A propos de cadavres, fit-il, j’ai parcouru le compte rendu de l’instruction à Crowdean. Meurtre avec préméditation par une ou plusieurs personnes inconnues. Et on a enfin baptisé votre cadavre.
J’acquiesçai :
— Oui. Harry Castleton.
— Identifié par sa femme. Vous avez été à Crowdean ?
— Pas encore. Je pensais m’y rendre demain. Enfin, à mon retour, je vous raconterai tout ce que Hardcastle m’aura dit de cette Mrs Merlina Rival. Promis.
Du geste, Poirot refusait :
— Inutile.
— Ma parole ! Vous savez déjà tout sans qu’on vous ait rien dit !
— Non, mais elle ne m’intéresse pas.
— Comment ? Mais pourquoi ? Je ne vous suis plus.
— Il ne faut s’occuper que des points essentiels. Tenez, en revanche, parlez-moi plutôt de cette Edna, assassinée dans la cabine téléphonique.
— Je vous ai déjà tout raconté sur cette fille.
— Alors, me reprocha Poirot, véhément, vous n’en savez pas plus long sur elle ? Simplement que c’était un pauvre petit chou, qui avait cassé son talon aiguille dans une grille d’égout ! A propos, cette grille, où était-elle donc placée ?
— Voyons, Poirot, comment le devinerais-je ?
— Tout simplement en le demandant. Pour s’informer, voyez-vous, il n’y a qu’un moyen : poser des questions, et que ce soient les bonnes.
— Dans ce cas, peut-être vaudrait-il mieux que vous veniez à Crowdean les poser vous-même, répliquai-je, froissé.
— Impossible en ce moment. La semaine prochaine, il y a une vente de manuscrits particulièrement intéressants…
— Toujours votre marotte de collectionneur ?
— Oui, plus que jamais. Prenons par exemple les ouvrages de John Dickson Carr, ou Carter Dickson comme il aime souvent à s’appeler…
Sans lui laisser le temps d’enfourcher son dada, je m’éclipsai sous le prétexte d’un rendez-vous urgent. Je n’étais pas d’humeur à l’entendre discourir sur les anciens maîtres du roman policier.
Assis sur les marches de l’escalier de Hardcastle ; en le voyant arriver je me dressai dans l’obscurité.
— Salut, Colin, te voilà enfin ? Tombé des nues une fois de plus !
Et prenant ses clefs, il m’ouvrit, me fit entrer dans son talon où il m’offrit aussitôt à boire.
— Ça bouge enfin, dit Hardcastle. On a identifié le cadavre. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
26 juin 2011
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