Suspense
Les pendules (51e partie)
Résumé de la 50e partie :Edna désire parler à l’inspecteur Hardcastle, mais comme il est occupé elle se retire…
On remettra l’audience à plus, tard, en attendant d’autres témoignages. A une quinzaine de jours environ, ou jusqu’à ce que le mort soit identifié.
— Croyez-vous qu’on y arrive ?
— Oh ! oui, il n’y a pas de question.
— Qu’il fait froid aujourd’hui ! dit-elle frissonnante.
Ce qui était faux ; en fait, il faisait presque chaud.
— Que diriez-vous de déjeuner tout de suite ? Vous ne rentrez pas avant 14 heures à votre bureau ?
— Oui, pas avant.
— Alors, venez. Aimez-vous la cuisine chinoise ? Au bout de cette rue il me semble apercevoir un petit restaurant chinois.
— Non, sincèrement. J’ai des courses à faire.
— Eh bien, faites-les après.
— Impossible : beaucoup de magasins ferment entre une heure et deux heures.
— Bon. Rendez-vous là-bas d’ici une demi-heure. D’accord ?
Elle accepta.
A l’abri du vent, j’allai m’asseoir au bord de la mer, à moi seule à cette heure.
Je voulais réfléchir. C’est toujours rageant de penser que des gens en savent plus long sur vous que vous-même. Et pourtant Hardcastle, Poirot et le vieux Beck avaient tous vu clairement ce que, moi, j’étais bien forcé d’admettre maintenant.
Que cette fille ne m’était pas indifférente ; que j’y tenais comme jamais à aucune autre fille, auparavant.
Ce n’était pas pour sa beauté : elle était jolie, avait du type, mais sans plus. Ni pour son sex-appeal – je n’étais pas né de la dernière pluie. On m’avait joué toute la gamme.
Mais dès le premier instant la connaissant à peine, j’avais compris qu’elle, elle était pour moi.
Peu après 14 heures, j’entrai au poste de police voir Dick, que je trouvai à son bureau en train de feuilleter un tas de paperasses. Levant les yeux, il me demanda ce que j’avais pensé de l’instruction.
— Très bien menée et avec beaucoup de doigté, lui dis-je.
— Nous savons y faire ; c’est une de nos spécialités nationales. Qu’as-tu pensé du rapport médical ?
— Une véritable bombe. Pourquoi ne m’avoir pas prévenu ?
— Tu étais parti. As-tu consulté ton spécialiste ?
— Oui, bien sûr.
— Je me souviens vaguement de lui : une grosse moustache, non ?
— Un buisson, ai-je reconnu. C’est son orgueil.
— Il doit être vieux ?
— Oui, mais pas gaga.
— Pourquoi as-tu été le voir ? Charité chrétienne ?
— Quel esprit injuste vous avez, vous autres, policiers ! Oui, je l’avoue, c’est en partie pour cela. Mais j’étais aussi curieux de connaître son opinion sur l’affaire.
— A-t-il étudié le procès-verbal ?
— Oui.
— Et qu’en a-t-il pensé ? interroge Dick avec curiosité. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
26 juin 2011
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