Aujourd’hui, les Etats ont délégué la création monétaire aux banques. En échangent, ils attendent d’être financés à leur guise. Grosse erreur, surtout en temps de crise !
Prenons la crise de 2008. La solution adoptée par les banques centrales a été la même partout : la baisse des taux directeurs. C’est ce qu’ils ont fait en 1929, dans les années 80 ou encore au début des années 2000. Cela a plus ou moins bien fonctionné à chaque fois plutôt mal d’ailleurs mais ils ont continué à appliquer les mêmes remèdes alors que la maladie changeait.
Quel est le principe de la baisse des taux ? Vous baissez le taux auquel l’argent peut être emprunté. Vous encouragez le crédit, donc l’activité économique non seulement à travers les crédits accordés aux particuliers et aux entreprises mais aussi et surtout via le crédit interbancaires. Il est déjà un peu étrange de fonder une reprise économique sur le crédit, mais passons.
Mais l’absurdité totale de ce choix dans la situation actuelle devient évidente lorsqu’on fait le bilan de ces politiques. Quand on s’intéresse à la situation du Royaume-Uni, le taux de la Banque d’Angleterre est de 0,5% alors que l’inflation quant à elle flirte avec les 4,5%. Ces deux données permettent de calculer le taux d’intérêt réel. Prenons une banque qui prête 1 000 livres début 2011 avec un taux d’intérêt de 0,5% sur un an. Cela veut dire qu’au bout d’un an, elle devrait récupérer 1 005 livres et gagner de l’argent, ce qui est le principe même du crédit. Mais voilà, avec un taux d’inflation de 4,5% (ce qui est le cas actuellement au Royaume-Uni), ces fameuses 1 000 livres ont en fait perdu 4,5% de leur valeur. Le taux d’intérêt réel (taux d’intérêt taux d’inflation), est donc de -4%. En prêtant de l’argent à ces conditions, la banque centrale en perd. Pour en gagner, elle devrait fixer ses taux d’intérêt au delà de 4,5%. Evidemment, les banques centrales sont volontaires pour perdre de l’argent. Et ce parce qu’elles pensent que c’est la seule manière de faire repartir l’économie. Car si la banque centrale y perd, les banques, elles, y gagnent. C’est toujours ainsi que les banques centrales ont agi en cas de crise, c’est ainsi qu’elles continuent d’agir aujourd’hui. Tout repose sur l’idée que les banques vont faire une saine utilisation pour l’économie s’entend de cet argent gagné grâce aux taux d’intérêt réels négatifs. Une idée assez crédule.
Pourquoi ? Eh bien parce que les banques ont leurs propres problèmes. Après la crise de 2008, elles se sont trouvées empêtrées dans des problèmes sans fin de subprime et autres produits dérivés pourris. Elles ont dû emprunter aux Etats pour sauver leur peau. Si bien que quand elles ont accumulés les bénéfices grâce aux taux d’intérêt négatifs, elles ont cédé à la tentation d’éponger leurs pertes et leurs dettes plutôt que de se lancer dans de grandes manœuvres de sauvegarde des économies réelles.
Accusation portée à tort ? Il suffit de jeter un œil aux indicateurs «réels» de l’économie américaine, britannique ou de la zone euro pour se convaincre de l’inutilité totale de ces mesures de taux zéro. Les grandes banques ont accumulé les bénéfices de trading depuis deux ans alors que le taux de chômage reste extrêmement élevé et que le PIB des pays occidentaux au mieux ralenti et au pire recule.
Près de trois ans après la mise en place des politiques à taux zéro, nous pouvons tirer un bilan de cette politique. C’est un échec sur presque toute la ligne. Les Etats sont surendettés, les banques centrales comme la Fed ou la BCE sont en situation de faillite. Mais personne ne semble vraiment remettre en cause la politique de taux zéro. Pourquoi ?
Les Etats ont besoin des banques pour se financer, surtout en ce moment. Et mieux vaut des banques les plus compréhensives possibles et pas trop regardantes sur la qualité des débiteurs. Remonter les taux signifierait potentiellement réduire cette source de financement.
Conclusion
Plus l’inflation créée par les politiques d’assouplissement quantitatif et de taux zéro enfle, plus la situation empire. Car cela se traduit en fait par un taux d’intérêt réel négatif. A titre d’exemple, celui de la zone euro tourne autour de -1% depuis que Jean-Claude Trichet a très légèrement augmenté le taux directeur de la BCE.
La politique de taux zéro et la prédominance des taux d’intérêt réels négatifs a évidemment des conséquences néfastes.
Premièrement, elle favorise l’inflation. Or les Etats ne peuvent ou veulent lutter contre elle en remontant les taux.
Deuxièmement, l’or a tendance à grimper quand les taux d’intérêts réels sont en dessous de zéro. Tout simplement parce que cela signifie que la valeur «réelle» des monnaies fiduciaires est détruite progressivement.
Mais la politique qui consiste à rehausser les taux, avec tous les risques d’une rechute, estelle pour autant salutaire ?
25 juin 2011
Contributions