Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (31e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 30e partie : Il reste moins de cinquante personnes sur les cent cinquante-deux qui ont pris place sur le radeau de «La Méduse». Des survivants se nourrissent de chair humaine…
Le quatrième jour, le radeau traverse un banc de poissons volants. Les naufragés vont en attraper plusieurs dizaines. Ils font sécher de la poudre à fusil qu’ils ont retrouvé le matin, et avec de l’amadou et un briquet, ils parviennent à allumer un feu dans un baril vide où ils entassent du linge. Ils font ainsi cuire les poissons, et certains en profitent pour faire rôtir des morceaux de chair humaine… Tous les rescapés, même les plus horrifiés, vont en manger. Plus personne, désormais, ne regardera avec dégoût cette terrifiante nourriture. On sera même obligé de la consommer crue, le barillet dans lequel on fait rôtir la chair ayant pris feu.
Cependant, le radeau n’en a pas fini avec les mutineries. Un groupe d’individus, voulant s’emparer du sac accroché au mât et contenant l’argent et les bijoux des naufragés, s’élance, armes au poing contre les autres rescapés. Ceux-ci parviennent à les repousser. Il y a encore des morts… Il ne reste désormais que trente personnes à bord du radeau.
Le cinquième jour, les rescapés – en haillons, les cheveux et la barbe hirsutes, le corps recouvert de blessures et d’ulcères – sont dans un grand état d’épuisement. Ceux qui ne peuvent pas se tenir debout sont assis, dans l’eau, parfois, à bout de force, les uns entassés sur les autres. Beaucoup sont inconscients et délirent, appelant leurs parents, leur épouse ou leurs enfants. Ceux qui restent conscients scrutent l’horizon dans l’espoir d’apercevoir un navire.
«Un navire va venir, nous serons tous sauvés !»
Mais aucun navire n’apparaît à l’horizon.
Le sixième jour n’apporte rien de nouveau. Ceux qui ont encore l’espoir d’être secourus ont calculé que leurs collègues des canots sont parvenus à Saint-Louis du Sénégal et qu’ils ont envoyé des secours. Des navires doivent être à leur recherche…
«Il faut patienter encore…»
Le septième jour, deux soldats s’approchent du seul baril de vin qui reste et le percent. On s’en rend compte et on les arrête.
«Nous avions soif !» expliquent-ils.
Ils sont aussitôt jugés, condamnés et précipités dans la mer. Le même jour le plus jeune passager du radeau, un mousse d’une douzaine d’années, meurt.
Le huitième jour, il ne reste plus que vingt-sept survivants. Une douzaine d’entre eux sont dévorés par la fièvre et ne se lèvent plus, épuisés. Les quinze autres se réunissent et délibèrent : leurs compagnons sont condamnés et constituent une charge pour eux, partageons les rations de vin qui restent. On décide donc de les sacrifier pour donner plus de chance aux autres de survivre.
Un soldat et un marin vont se charger d’exécuter cette terrible décision. Les malheureux, parmi lesquels la seule femme du groupe, une cantinière, restée avec son époux, sont précipités dans l’eau. Ils sont aussitôt happés par des requins qui suivent depuis un certain temps le radeau…
Il ne reste plus maintenant qu’une quinzaine de personnes à bord. On se regarde, effrayé, en se demandant, qui sera le prochain à être sacrifié. (A suivre…)
K.N
25 juin 2011
1.Extraits, K. Noubi