Au coin de la cheminée
Les aventures de Pinocchio (5e partie)
Résumé de la 4e partie :Geppetto fabrique sa marionnette et lui apprend même à marcher…
Une fois ses jambes dégourdies, Pinocchio commença à marcher tout seul puis il se mit à courir à travers la pièce. Finalement, il passa la porte de la maison, sauta dans la rue et s’enfuit.
Et le pauvre Geppetto de courir derrière lui sans pouvoir le rattraper parce que ce polisson de Pinocchio filait en bondissant comme un lièvre. Ses pieds de bois frappaient le pavé de la rue en faisant autant de tapage que vingt paires de sabots.
Arrêtez-le ! Arrêtez-le ! criait Geppetto, mais les gens, dans la rue, voyant cette marionnette en bois cavalant comme un cheval arabe, étaient enchantés de la regarder et ils riaient, riaient, vous ne pouvez pas savoir comme ils riaient.
Survint heureusement un carabinier qui, entendant tout ce vacarme et croyant qu’il s’agissait d’un poulain qui avait échappé à son maître, se campa courageusement au milieu de la rue, jambes écartées, avec la ferme résolution de l’arrêter et d’empêcher ainsi de plus graves désordres.
Quand Pinocchio se rendit compte que le carabinier barrait la rue, il tenta de le tromper en lui passant entre les jambes mais sa tentative échoua.
Sans bouger d’un pouce, le policier l’attrapa carrément par le nez (c’était un nez tellement démesuré qu’il paraissait n’exister que pour être attrapé par les carabiniers) et le rendit à Geppetto qui, en punition, décida de lui tirer les oreilles.
Mais imaginez sa tête quand, cherchant les oreilles, il ne les trouva pas. Et savez-vous pour quoi ? Parce que, dans sa précipitation, il avait tout simplement oublié de les faire.
Il le saisit donc par la nuque et, tout en le ramenant à la maison, lui secouait la tête et le menaçait :
— On rentre. Et quand nous serons rentrés, nous réglerons nos comptes !
A ces mots, Pinocchio se jeta par terre et ne voulut plus marcher. Immédiatement, curieux et badauds se rapprochèrent et commencèrent à former un cercle autour d’eux.
Chacun donnait son avis. Certains disaient :
— Pauvre marionnette, elle a raison de ne pas vouloir rentrer. Qui sait si elle ne serait pas battue par ce diable de Geppetto !
Et les autres, malicieusement, en rajoutaient :
— Ce Geppetto semble un brave homme ! Mais, en vérité, c’est un vrai tyran avec les enfants ! Si on lui laisse cette marionnette, il est capable de la mettre en pièces !
Ils firent et dirent tant et si bien que le carabinier libéra Pinocchio et conduisit en prison le pauvre Geppetto.
Incapable de trouver les mots pour se défendre, il pleurait comme un veau et, tout au long du chemin, murmurait en sanglotant :
— Sale gamin ! Et dire que je me suis donné toute cette peine pour fabriquer une marionnette bien comme il faut ! Tout reste à faire ! J’aurais dû y penser plus tôt ! Ce qui arriva ensuite est une incroyable histoire. C’est cette histoire que je vais vous raconter demain. (A suivre…)
Carlo Lorenzini, dit Collodi
25 juin 2011
1.Contes