Edition du Jeudi 23 Juin 2011
Editorial
Les trabendistes en col blanc
Par : Outoudert Abrous
La proposition des députés était malsaine et devait être rejetée d’un revers de main tant elle est antinationale, d’une part, et insalubre pour les citoyens, d’autre part.
Y a-t-il un pilote dans ce pays où l’on décide une chose et son contraire ? La proposition des députés à ré-autoriser l’importation de la friperie est un non-sens aggravé par le consentement complice d’un gouvernement qui avait pourtant juré, sur ses grands dieux, que le chiffon serait désormais un produit impropre à l’importation. Que nenni ! Même si certains membres du gouvernement se disent peinés “devant une décision pareille”, cela relève de l’hypocrisie ou d’un ordre venant de plus haut. Il n’y a pas meilleur subterfuge pour laver l’argent sale. Combien de fortunes se sont construites sur le dos de la santé des Algériens ? Comment expliquer que l’état revienne ainsi à la case départ, après avoir été contraint, pour préserver l’outil de production et l’emploi (les 200 000 travailleurs dans le textile et le cuir ne sont plus que 15 000), de débloquer 2 milliards de dinars d’aide et effacer les dettes ? La proposition des députés était malsaine et devait être rejetée d’un revers de main tant elle est antinationale, d’une part, et insalubre pour les citoyens, d’autre part. Si, au lieu de cela, l’Exécutif accédait à toutes les propositions saines et courageuses de certains de nos élus, on ne serait pas arrivé à des affrontements de rue, à des grèves et à un ras-le-bol généralisé comme une épidémie.
Les discours sur la préférence nationale, la protection de la production nationale, les mises à niveau et la modernisation de l’outil de production ne sont donc qu’un leurre en direction des naïfs ou ne concernent que les secteurs que les trabendistes en col blanc (il y a des députés parmi eux) ne peuvent pas encore atteindre. Si ces dispositions venaient à passer dans la nouvelle loi de finances complémentaire, il y a de quoi désespérer de son pays. Il faut peut-être se rappeler que les lobbies des hydrocarbures avaient pu faire voter, par cette même Assemblée, la loi bradant nos richesses du sous-sol, heureusement abrogée grâce aux forces patriotiques que compte le pays.
A. O.
abrousliberte@gmail.com
23 juin 2011
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