Résumé de la 4e partie : Studer, loin de se douter qu’il a été oublié, pense que les policiers – le croyant coupable – ont décidé de l’affamer pour le faire avouer…
Il lui arrive d’entendre des gens converser au loin derrière les murailles. Il lui arrive même d’entendre des pas, de l’autre côté de la porte du couloir. Mais il n’a plus la force ni de frapper ni de crier. Il comprend qu’il faut accepter la mort.
L’inspecteur Schultz qui était de service à Hochst, le 1er avril, jour de l’accident, et qui fut appelé pour enquêter sur ces circonstances, tient à dégager sa responsabilité devant le commissaire :
«Je ne suis pour rien là-dedans. Moi j’ai donné l’ordre d’arrêter le conducteur de la Volkswagen et non son compagnon Peter. Dans l’après-midi, quand j’ai vu le conducteur au commissariat, j’ai cru qu’on n’avait pas exécuté mes ordres. Mais je ne savais pas que c’était Peter qui avait été enfermé.»
Deux autres inspecteurs de Hochst sont d’un avis différent.
«C’est faux ! Lorsque nous sommes passés sur les lieux pour nous rendre à la sortie de la ville où venait de se produire un autre accident, nous avons vu l’inspecteur Schultz. Il était en train d’exiger qu’on emmène Peter.»
Enfin le commissaire va entendre le policier municipal de Hochst dont le témoignage est le dernier de son enquête à rebours.
«Le 18 avril, déclare le policier, la femme de ménage de la mairie est venue me dire : « Dites donc, qu’est-ce qui se passe dans votre cellule ? Ça sent horriblement mauvais ! » Evidemment ça m’a étonné parce qu’en principe il n’y avait personne dans la cellule depuis un mois. Et la dernière fois que je l’avais visitée, elle était parfaitement propre. J’ai répondu : ‘’Bon. Ben j’irai voir tout à l’heure.’’ Evidemment, si j’avais su, j’y aurais été plus vite. Ce n’est donc qu’à la fin de la matinée que je suis descendu à la cave. C’était ma foi vrai, quelle odeur ! Je me suis dit : quel peut bien être le cochon qui utilise la cellule comme water ? J’ai allumé, j’ai ouvert la porte du couloir pour aller jeter un coup d’œil par le judas.
Là, je suis resté comme deux ronds de flan. J’entrevoyais un homme allongé sur le châlit. Vous imaginez si j’étais surpris de trouver un prisonnier ! Et je ne savais même pas pourquoi et depuis quand il était là.
Mais quand je suis entré, ça été le bouquet ! Je me suis rendu compte qu’il était complètement décharné. Il a remué la tête et ouvert les yeux, il paraissait complètement dérangé.
Je suis remonté quatre à quatre et j’ai appelé le médecin de la police.»
C’est la fin du cauchemar de Peter Studer, le voilà enfin sorti de prison.
Tandis que l’on conduit le prisonnier à l’hôpital de Bregenz, la consternation s’étend de la mairie de Hochst à celle de Bregenz, de la gendarmerie de Bregenz à celle de Hochst.
«Quoi ? Comment ? Qu’est-ce que vous racontez ?… Peter Studer ? Mais il y a longtemps qu’il est libéré ! Mais non.
On vient de le trouver dans la cellule. Impossible, voyons, il n’a même jamais été arrêté. Mais si… on vient de l’emmener en ambulance… Alors s’il a été arrêté c’est pas moi. Si c’est pas toi, c’est lui. C’est ni moi ni lui… C’est toi… Et d’abord est-ce que vous êtes sûr qu’il s’agit bien de Peter Studer ? Où est-il, qu’on vérifie son identité ! A l’hôpital ? Pourquoi à l’hôpital ?»
(A suivre…)
Pierre Bellemare
22 juin 2011
Histoire