Au coin de la cheminée
Les trois oranges d’amour (2e partie)
Résumé de la 1re partie : Le prince revient avec les 3 oranges d’amour, mais en chemin, deux oranges demandent de l’eau, le jeune homme n’en ayant pas, elles meurent…
Son chemin le mena dans une montagne où coulait une rivière ; il s’y arrêta et ouvrit la troisième boîte. L’orange se mit à parler :
— De l’eau ! de l’eau ! sinon je vais mourir. De l’eau, je me meurs !
— Cette fois, dit le prince, tu ne pourras pas mourir faute d’eau.
Et il jeta la boîte dans la rivière.
Aussitôt, un nuage d’écume se forma sur l’eau et une princesse plus belle que le soleil en sortit.
Le prince l’emmena avec lui et l’épousa au premier village qu’ils rencontrèrent.
Un an après, la naissance d’un fils augmenta encore leur bonheur.
Mais un jour, le prince annonça à son épouse :
— Il nous faut retourner voir ma famille ; je n’ai donné aucune nouvelle au roi mon père depuis que j’ai quitté le palais.
Ils se mirent donc en route et à l’entrée de la ville où vivait son père, le prince dit à sa princesse :
— Reste assise au pied de cet arbre, près de la fontaine, pendant que je vais annoncer notre arrivée au roi mon père. Je reviendrai très vite te chercher.
La princesse s’assit au pied de l’arbre, son fils endormi dans ses bras.
C’est alors que passa la femme qui avait jeté la malédiction au prince. Elle s’approcha de la fontaine pour boire et vit dans l’eau le reflet d’un visage d’une incommensurable beauté. Elle se redressa en reculant et dit :
— Je suis très belle !
Elle se rapprocha peu à peu de la fontaine et l’eau réfléchissait toujours le même visage, plus resplendissant que jamais. Elle se recula à nouveau en répétant :
— Je suis très belle !
C’est alors que, s’approchant pour la troisième fois de la fontaine, elle vit que le visage reflété par l’eau était en fait celui de la princesse. Elle lui demanda :
— Que faites-vous ici ?
— J’attends le prince, mon mari.
— Quel bel enfant vous avez ! Donnez-le-moi un moment, je le tiendrai pendant que vous vous reposerez.
A contrecœur, la princesse tendit son enfant à la femme. Alors celle-ci lui dit :
— Quels beaux cheveux vous avez, princesse ! Sûrement plus fins que de la soie. Mais vous êtes toute décoiffée. (A suivre…)
Alfred de Musset
22 juin 2011
1.Contes