L’arrière petit-fils de l’Émir était un communiste et un sioniste :
Lors de l’excellente conférence consacrée par le journaliste Slimane Zeghidour aux Algériens du Moyen-orient, une grande partie du public était surprise, voire perplexe d’apprendre de la bouche du conférencier que cet arrière-petit-fils de l’Emir Abdelkader, qu’était Abderezzak Abdelkader, personnage marginal, original et déroutant s’il en est, n’avait rien d’un mystique mahométan comme son auguste aïeul, et qu’il avait troqué Ibn Arabi contre Marx, Lénine et autre Mao.
Car il était, en effet, un fervent communiste. «L’homme habitait dans une roulotte, menait une vie de bohémien, il n’avait pas de téléphone. J’ai passé de longues années à essayer de le localiser, en vain. C’est l’un de mes plus grands regrets de reporter», confie Slimane Zeghidour. Dans la foulée, le journaliste nous fait savoir que ce descendant direct de l’Emir Abdelkader était un défenseur acharné du sionisme, un choix qui reste difficile à décrypter pour l’Algérien lambda. Il avait, par ailleurs, des penchants révolutionnaires. Parmi ses foucades : l’homme avait mis en place un maquis à Tala Guilef peu après l’indépendance !
«Il se disait moitié algérien, moitié caucasien, et il était marié à une juive hongroise», indique Zeghidour, avant d’ajouter : «Par la suite, il avait changé de nom et s’était fait appeler Dov Golan, ce qui signifie l’ours du Golan.» Essayiste, Abderezzak Abdelkader est notamment l’auteur de Le conflit judéo-arabe : juifs et Arabes face à l’avenir (Maspéro, 1961). «Il est mort, marginal, en 1998.
Il est inhumé dans un kibboutz à Mijdal. A sa mort, il avait demandé à être enterré non pas en direction de La Mecque (comme le veut le rite musulman, ndlr), mais en face du Golan. Il avait eu droit à une notice nécrologique dans Le Monde». Nous avons retrouvé la notice en question. En voici la teneur : «Le 9 août 1998, décédait à Migdal (Israël) Rassak Abdelkader, arrière-petit-fils de l’Emir Abdelkader, écrivain progressiste, ardent défenseur de l’Etat d’Israël. Que sa mémoire soit bénie.»
21 juin 2011
Histoire