Edition du Mardi 21 Juin 2011
Culture
Incroyable mais vrai !
Reflet culturel
Par : ABDENNOUR ABDESSELAM
Comment peut-on expliquer qu’une dynastie berbère qui a régné sur le tout-puissant et terrible empire romain durant plus de quarante années, sans que les Berbères eux-mêmes aient bénéficié aujourd’hui en Afrique du Nord d’un héritage
historique, linguistique et identitaire autrement plus florissant ! En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, la dynastie berbère des Sévères (originaire de Leptis Magna, l’actuelle Tripoli, sur la grande Syrte) régnera à la tête de l’empire romain de 193 à 235. On citera par exemple Septime Sévère, empereur de 193 à 211, son fils Caracalla, empereur de 211 à 217 qui promulgua même l’Edit de 212 (dite Edit de Caracalla) accordant le droit à la citoyenneté et à la liberté à tous les habitants de l’empire bannissant ainsi l’esclavagisme, ou encore Alexandre Sévère (222-235). Sur d’autres plans que celui lié au politique ainsi rapporté, les historiens s’accordent à dire que les grands noms d’un foyer rayonnant de la littérature latine sont tous des Berbères ou presque. En cela, Térence (-190 à -159) a écrit les plus belles comédies. Fronton – qui a été consul dans l’empire Romain en 143 –, grand satirique et auteur notamment d’ouvrages de référence dans la littérature latine tels Éloge de la négligence, Éloge de la poussière. Apulée de Madaure (125-170) ; conférencier, il était considéré comme un esprit universel. En effet, n’est-il pas un des tous premiers romanciers au monde avec son ouvrage intitulé l’Ane d’or -zzayla n wewragh (ou les métamorphoses). Tertullien (150-222), Arnobe (vers 300) qui a utilisé l’ironie contre les fables mythologiques. Saint Cyprien (vers 250), saint Donat, voire saint Augustin (354-430) lui-même n’était-il pas un des plus grands philosophes de son temps ? La liste des grands acteurs berbères de cette époque est encore longue à établir ici. Mais il était utile de signaler cette tranche d’histoire en cascade peu, mal ou pas connue du tout du grand public. Le rappel vaut ici valeur d’histoire, valeur d’instruction sur l’avenir mais aussi valeur de questionnement légitime sur le contraste et les contradictions actuelles avec cette seule et non moins importante différence que nous considérons ces faits historiques avec la distance et notre regard d’aujourd’hui. Cette chaîne du temps et de responsabilités nous laisse tout de même pantois devant la situation actuelle très peu profitable au peuple berbère.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr
21 juin 2011
Contributions