Edition du Mardi 21 Juin 2011
Editorial
Avancer à reculons !
Par : Azzeddine Bensouiah
Les Européens restent toujours sceptiques, sinon timides, en matière d’investissements directs. Il faut dire que les multiples changements opérés par l’Algérie dans sa législation économique n’y sont pas étrangers.
L’Algérie n’a pas réussi à arracher le report du démantèlement tarifaire à l’Union européenne. Elle ne désespère pas pour autant. Ce n’est pas le seul dossier où Alger a été desservi. Les IDE, tant promis, tardent à se matérialiser, alors que le commerce qui profite à l’économie européenne a connu une évolution notable. Mais c’est surtout sur le dossier de la libre circulation des personnes, cher à Alger, que les Européens ont signifié une fin de non-recevoir, allant jusqu’à durcir drastiquement les conditions d’entrée sur leur sol aux non-Européens.
Signé en 2002, et entré en vigueur en 2005, l’Accord d’association avec l’Union européenne n’a pas apporté les bénéfices escomptés par la partie algérienne. Mal négocié, décrié par les opérateurs économiques algériens, publics et privés, cet accord fait la part belle au commerce européen, au détriment de l’appareil de production nationale. Les Européens restent toujours sceptiques, sinon timides, en matière d’investissements directs. Il faut dire que les multiples changements opérés par l’Algérie dans sa législation économique n’y sont pas étrangers.
C’est, donc, pour avancer à reculons que l’Algérie insiste pour renégocier certains aspects du traité.
Même sur le plan politique, les choses ne se présentent pas bien. L’on se rappelle que certains pays européens ont payé des rançons aux groupes terroristes pour libérer leurs otages.
La France, particulièrement, a non seulement payé des rançons, mais essayé de faire le cow-boy dans le désert malien, avec les résultats que l’on sait.
Depuis le déclenchement des révoltes arabes, les Européens agissent et, ensuite, demandent à leurs partenaires de la rive sud de les suivre.
Dans un contexte marqué par la montée en puissance de l’extrême droite en Europe, à l’approche d’élections cruciales, l’immigration devient une carte électorale non négligeable. De même que les craintes d’une nouvelle crise économique mondiale, induite par la crise grecque, font que la révision de l’Accord d’association avec l’Algérie ne revêt pas d’importance prioritaire pour Bruxelles.
Alger se rend compte, tardivement, qu’il avait mal négocié son accord d’association. La conjoncture mondiale joue à sa défaveur. Il reste à espérer que nos négociateurs parviennent, au moins, à limiter les dégâts, en attendant des jours meilleurs pour entamer de vraies négociations.
21 juin 2011
Contributions