Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (66e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 65e partie : La vie d’aventure et de risque plaît à Charcot qui ne veut pas, pour tout l’or du monde, retourner à son cabinet médical.
Pendant quatre ans, de 1932 à 1936, le «Pourquoi-Pas ?», dirigé par Charcot, va explorer la côte du Groenland, notamment la partie située entre le sud-est et le nord. Depuis le XIXe siècle, les missions de reconnaissance et les expéditions scientifiques se sont succédé dans cette partie du Grand-nord. On se rappelle particulièrement les exploits de G. Holm, qui a fondé en 1894 la ville de Angmagssalik et ceux de G. Amdrup qui a poussé jusqu’au Scoresby Sound. Il y a eu aussi la découverte de l’intérieur de l’île, avec les expéditions de F. Nansen, de Mylius-Erichsen et surtout de K. Rasmussen. Celui-ci, décédé en 1933, a sillonné le nord de l’île et fondé, en 1910, Thulé.
On lui doit aussi la réunion d’une importante documentation sur la culture des Esquimaux. Du côté français, un lieutenant de vaisseau, Blosseville, a tenté une reconnaissance qui a échoué : son nom a été donné à une parcelle de l’Island, la terre de Blosseville.
En apercevant les côtes de Blosseville, Charcot veut rendre un hommage au navigateur et à ses hommes qui ont péri dans les parages. En dépit de l’heure matinale, il procède à la levée des couleurs et salue la mémoire des disparus. Charcot est ébloui par le spectacle du soleil levant, illuminant de couleurs rougeoyantes la mer de glace : «une apothéose d’or et de feu», écrit Charcot admiratif.
Le «Pourquoi-Pas ?» effectue des expéditions, il transporte aussi des missions. Il fait la connaissance de Paul Emile Victor, jeune ethnologue qu’il pousse à s’intéresser au Grand-nord. En 1934, il l’installe à Angmagssalik, ainsi que trois autres chercheurs, pour l’étude des Esquimaux.
L’année suivante, en 1936, il se fait de nouveau conduire, avec trois autres hommes, à bord du «Pourquoi-Pas ?», dans le Groenland.
Deux membres de la mission exprimant le désir de rentrer, le «Pourquoi
-Pas ?» rejoint la mission. Il va conduire Paul Emile Victor plus au Nord où il a décidé d’hiverner.
Le bateau s’apprête à retourner auprès des deux missionnaires qui ont décidé de rentrer. Mais voilà que Charcot reçoit un câble des deux hommes qui lui disent qu’ils ont décidé de rentrer, en passant par Copenhague, sur un navire danois. On devait interpréter plus tard cette décision comme un pressentiment : ils auraient embarqué sur le «Pourquoi-Pas ?» ils auraient connu son triste destin. Charcot, qui ignore ce destin, a décidé, à cause de ce contre-temps, de redescende vers le sud pour effectuer, sur la côte de Blosseville, des sondages. C’est pour lui encore l’occasion d’admirer les merveilleux couchers de soleil de cette côte.
Une après-midi, une mouette épuisée se pose sur le bastingage. Charcot s’approche d’elle : l’oiseau se laisse caresser, puis mange le saumon en conserve que l’homme lui donne.
«Maintenant, tu peux partir !»
Mais l’oiseau ne s’envole pas. Charcot lui fait installer une cage où il peut vivre.
«Puisque cette mouette veut rester avec nous, dit-il, qu’elle reste !»
Il a, à plusieurs reprises, accueilli des animaux en détresse, notamment un bébé phoque qu’il tenait dans ses bras comme un enfant. Les animaux, qu’il a toujours aimés, lui rendent son affection… (A suivre…)
K.N
21 juin 2011
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