Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (55e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 54e partie : Alphonsine, devenue Marie Duplessis, se met en ménage avec le comte de Guiche, un véritable aristocrate qui lui paye des cours pour en faire une «vraie dame».
Elle se querelle avec le comte, quitte l’appartement qu’il a loué pour elle, et se retrouve avec un autre noble, Fernand de Montguyon, mais le comte la «récupère». Pas pour longtemps car Marie, devenue une célébrité, est trop sollicitée. Profitant d’une nouvelle querelle avec le comte de Guiche, elle cherche refuge auprès d’Edouard de Perregaux, fils d’un banquier d’origine suisse.
Il revient d’Algérie où il s’est battu contre l’Emir Abdelkader et il s’est retrouvé à la tête d’une immense fortune. Il dépense beaucoup d’argent dans les courses de chevaux et il entretient de nombreuses maîtresses. Il se vante d’avoir enlevé au duc d’Aumale la sienne, la comédienne Alice Ozy, depuis, il collectionne les jolies femmes !
Il a remarqué Marie Duplessis à un spectacle et depuis, il ne pense qu’à l’avoir. Un beau soir, une voiture avec laquais, frappée aux armes des Perregaux, vient la chercher.
Ce qui était, au début, une simple aventure, avec une jolie femme, devient vite une passion. Il aime tellement la jeune fille que bientôt, il ne peut plus s’en passer. Il laisse ses autres maîtresses, notamment Alice Ozy, il n’y a pas encore longtemps adulée, et passe ses journées et ses nuits avec celle que l’on appelle maintenant «la dame aux camélias».
L’aime-t-elle ? C’est bien la première fois qu’un homme lui témoigne un tel sentiment ; les autres se sont intéressés uniquement à son corps. Elle a certainement beaucoup d’affection pour lui mais elle a appris à se méfier des hommes et à chercher surtout, quand l’un d’eux s’intéresse à elle, à tirer profit de lui. C’est ainsi qu’elle dépense sans compter son argent, achetant les toilettes les plus coûteuses, les bijoux les plus somptueux, allant tous les soirs dans les restaurants les plus huppés…
Et un soir, alors qu’il est à ses genoux, éperdus, elle lui dit.
— Edouard, m’aimez-vous vraiment ?
— Oui, dit-il.
— Alors, êtes-vous prêt à m’épouser ?
— Oui, dit-il sans hésiter.
— Vous me le jurez ?
— Je le jure !
Bien sûr, aveuglé par la passion, il n’a pas conscience que ce mariage, s’il arrivait à être concrétisé, signifierait sa perte : sa famille ne manquerait pas de lui couper les vivres. Un vicomte épouse une roturière et de surcroît de mœurs légères. Ni les siens ni la bonne société ne le lui pardonneraient.
En attendant, Edouard lui achète une propriété, il l’emmène en voyage, ils vont jusqu’à Bade, pour une cure. Outre les dépenses en toilettes et en restaurants, Marie s’est mise à jouer. Ce sont des milliers de francs qu’elle perd chaque soir. La fortune d’Edouard commence à fondre et bientôt, il doit lui-même jouer, espérant gagner l’argent que sa maîtresse perd. Il s’endette ; les quinze mille francs de rente qu’il possède encore ne suffisent plus à satisfaire les appétits de sa maîtresse. Et Marie, plus que jamais avide de plaisirs et de belles choses, demande de l’argent… (A suivre…)
K.N
21 juin 2011
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