Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (48e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 47e partie : Marie Duplessis, en fait Alphonsine Plessis, a connu une enfance malheureuse. Elle est confiée à une parente qui l’exploite. Plus tard, elle est renvoyée auprès de son père.
Un soir, alors qu’il est attablé, Marin Plessis entend frapper à la porte de sa mansarde.
— Entrez ! crie-t-il de sa voix bourrue.
La porte s’ouvre et une jeune fille au teint blanc et aux longs cheveux noirs entre. Il la regarde, surpris.
— qui es-tu, toi ?
— Alphonsine, dit-elle, en baissant aussitôt ses grands yeux noirs.
C’est sa fille qu’il n’a pas revue depuis son départ chez la cousine, il y a six
ans ! Il est bien embarrassé parce qu’il ne sait pas quoi faire de cette adolescente. Il la regarde et comme elle reste là, debout, les yeux baissés, il lui dit.
— Eh bien, viens t’asseoir et mange !
Elle s’assoit et mange l’assiette que son père pousse vers elle, elle boit aussi le verre de vin qu’il lui tend. Il ne l’a pas mise à la porte.
Quelques jours plus tard, cependant, il lui fait comprendre qu’il ne peut pas l’entretenir.
— Je vais te chercher du travail, lui dit-il.
Il se souvient qu’au cours de ses déplacements dans la région, il a fait la connaissance d’un vieil homme, riche mais seul, qui lui avait demandé de lui chercher une bonne à tout faire. Il va aussitôt voir le monsieur, et comme celui-ci n’a encore engagé personne, il lui propose sa fille.
— Elle sait coudre, laver, cuisiner, dit Marin, et elle vous tiendra compagnie !
Le monsieur accepte et il convient, avec le père, du salaire à verser.
Voilà donc Alphonsine placée. Elle doit, comme chez la cousine, travailler beaucoup, mais son nouveau patron la traite avec gentillesse. Il va jusqu’à lui acheter des robes et des châles, au marché du bourg ! Alors, les mauvaises langues se mettent à jaser et à colporter toutes sortes d’horreurs. On crie à l’immoralité et on accuse même le père d’être complice de ce «qui se passe». Le scandale devient si grand que les gendarmes doivent intervenir. Marin Plessis est convoqué et il est sommé de retirer sa fille !
Voilà donc Alphonsine revenue dans la mansarde paternelle. Elle s’occupe du logis mais son père ne tarde pas à lui trouver une nouvelle place. Cette fois-ci, elle est serveuse dans une auberge. Mais aussi, on la renvoie, parce qu’elle excite les clients, avec sa peau trop blanche, ses longs cheveux noirs et ses grands yeux de jais. Elle est vendeuse de parapluie dans une boutique mais voilà qu’elle tombe malade. Elle se plaint de douleurs au ventre et elle est si pâle qu’elle doit s’aliter un temps. En fait, elle vient de subir un avortement…
Le père, qui découvre enfin les souffrances de sa fille, décide de lui donner une chance.
— Et si je t’envoyais à Paris ? lui dit-il.
Paris ! Elle ne s’y est jamais rendue mais, comme tous les provinciaux, elle a entendu parler de la capitale. La ville de la liberté, de l’abondance aussi…
— Il y a une cousine qui vend des fruits dans le quartier des Halles, continue Marin, tu pourrais l’aider, en attendant de te faire une situation.
— Oh, oui, dit-elle, effrayée, je veux aller à Paris !
Dès le lendemain, Marin la conduit lui-même à Paris… (A suivre…)
K.N
21 juin 2011
1.Extraits