Suspense
La mystérieuse affaire de Styles (15e partie)
Résumé de la 14e partie : Alors que Hastings est avec Cynthia et Mary dans le salon, le Dr Bauerstein fait irruption…
Mais qu’avez-vous bien pu faire, docteur ? s’écria Mrs Cavendish.
— Je vous dois des, excuses, dit le docteur. Je ne voulais pas entrer, mais Mr Inglethorp a insisté.
— Eh bien, Bauerstein, vous voilà dans un bel état ! remarqua John qui entrait à ce moment. Prenez du café et racontez-nous vos aventures.
— Merci, j’accepte volontiers !
Il se mit à rire tout en décrivant comment, ayant découvert une espèce de fougère très rare poussant dans un endroit inaccessible, il avait perdu pied dans ses efforts pour l’obtenir et était tombé ignominieusement dans un étang voisin ?
— Le soleil eut vite fait de me sécher, ‘dit-il, mais je crois que j’ai vraiment mauvaise apparence !
A ce moment, Mrs Inglethorp appela Cynthia du hall, et la jeune fille sortit en courant.
— Veux-tu me porter ma mallette à correspondance dans ma chambre, chérie, je vais me coucher.
La porte donnant accès au hall était fort large. Je m’étais levé en même temps que Cynthia, et John était tout près de moi. il y avait donc trois témoins qui purent jurer que Mrs Inglethorp portait sa tasse de café auquel elle n’avait pas encore goûté.
La présence du docteur Bauerstein me gâta définitivement la soirée. Je crus qu’il ne s’en irait jamais. Enfin, il se leva et je poussai un soupir de soulagement.
— Je vais descendre avec vous jusqu’au village, dit Mr inglethorp, car je dois régler certains comptes avec notre régisseur.
Il se tourna vers John.
— Inutile de m’attendre. Je prendrai la clef avec moi.
On parvient par une porte aux chambres des domestiques. Elles n’ont aucune communication avec l’aile droite où sont situées les chambres des Inglethorp.
Vers le milieu de la nuit, je fus réveillé par Laurence Cavendish. Il tenait une bougie à la main, et l’agitation de son visage me convainquit tout de suite qu’il se passait quelque chose d’anormal.
— Qu’y a-t-il ? dis-je en m’asseyant dans mon lit et en tâchant de rassembler mes pensées éparses.
— Nous craignons que ma mère ne soit gravement malade. Elle est en proie à une sorte de crise. Malheureusement, elle a fermé sa porte à clef.
— Je viens tout de suite.
Bondissant de mon lit, j’enfilai une robe de chambre et je suivis Laurence le long d’un couloir et d’une galerie jusqu’à l’aile droite de la maison.
John Cavendish nous rejoignit, et je vis les domestiques l’air effaré et consterné. Laurence se tourna vers nous.
— Que faut-il faire ?
Son caractère n’avait jamais paru plus indécis qu’à cet instant.
John tourna violemment la poignée de la porte de Mrs Inglethorp, mais sans résultat. Elle était évidemment fermée à clef ou verrouillée. A l’intérieur de la chambre, nous distinguions des bruits très alarmants. II était indispensable d’agir au plus vite. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
21 juin 2011
1.Extraits